- 1. Écrire québécois
- 2. L'écrivain et la langue
- 3. Une poésie de résistance
- 4. Privilège de l'oralité
- 5. Naissance d'un théâtre
- 6. Vitalité du roman
- 7. Une littérature en fusion
- 8. Le roman : des écritures migrantes à la question des territoires
- 9. Le théâtre, en quête de nouvelles origines
- 10. La poésie, éternellement à réinventer
- 11. Bibliographie
QUÉBEC Littérature
Privilège de l'oralité
La poésie du Québec se parle autant qu'elle s'écrit. Les marques de l'oralité affleurent sous la trame de l'écriture poétique, et les poètes lisent leurs textes en public à l'occasion de vastes récitals : la Nuit de la poésie, qui s'est tenue en 1970 au théâtre Gésù de Montréal, a manifesté la généreuse complicité qui existe entre le public québécois et ses poètes. C'est ainsi que s'est perpétué un trait fondamental de la culture québécoise, la prééminence de la communication orale, que formule à sa manière la chanson de Gilles Vigneault :« Les gens de mon pays, ce sont gens de paroles. »
Isolées dans les campagnes et l'hiver, coupées de la civilisation du livre par la médiocrité de l'enseignement, les communautés villageoises ont réussi à survivre culturellement, malgré la conquête anglaise, grâce à la tradition et à la transmission orales. Le Québec d'aujourd'hui continue à privilégier la communication orale ; il se sent parfaitement à l'aise dans les nouvelles technologies audiovisuelles comme il préfère les formes culturelles des « gens de paroles » : chansonniers, conteurs, hommes de théâtre...
Le mouvement de libération nationale a cristallisé et popularisé son identité à l'intérieur du pays et l'a imposée à l'extérieur grâce à la chanson québécoise. Félix Leclerc (1914-1988), passé de l'exaltation d'un Québec rural à l'engagement mordant contre la domination anglaise, Gilles Vigneault, qui excelle à camper les types populaires de la vie quotidienne, Robert Charlebois, chantre de la vie urbaine marquée par l'environnement américain, et aussi des interprètes comme Pauline Julien (1928-1998), Diane Dufresne, Fabienne Thibeault, le groupe Beau Dommage, et d'autres encore, ont été les plus efficaces représentants du désir d'affirmation québécois.
La tradition des conteurs, qui autrefois animaient les veillées villageoises, s'est prolongée dans le succès des diseurs de monologues comme Yvon Deschamps ou Sol (1929-2005), dont les textes jouent subtilement sur les variations linguistiques québécoises. Antonine Maillet est devenue célèbre au Québec grâce aux monologues de La Sagouine (1971), vieille laveuse de planchers à la langue savoureusement dialectale, qui évoque devant son seau d'eau sale la comédie humaine de son village acadien.
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Écrit par
- Jean-Louis JOUBERT : professeur à l'université de Paris-XIII
- Antony SORON : maître de conférences, habilité à diriger des recherches, formateur agrégé de lettres à l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation, Sorbonne université
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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