QUÉBEC Littérature

Une littérature en fusion

« De l’indépendance avant toute chose », tel aurait pu être le credo en vogue dans le Québec des années 1970. Cependant, en dépit de l’engagement militant, voire des actions terroristes conduites par le Front de libération du Québec (FLQ), un coup d’arrêt au désir d’émancipation par rapport au confédéralisme canadien est marqué par l’échec du référendum de 1980 posant la question nationale. Sur le plan littéraire, l’euphorie de la décennie précédente semble connaître une pause. Réjean Ducharme, Michel Tremblay, Jacques Godbout et Marie-Claire Blais sont désormais des écrivains consacrés. Ces vivants piliers d’une jeune littérature en voie de reconnaissance internationale, s’ils arrivent effectivement à maturité, n’en connaissent pas moins un certain essoufflement. En tout état de cause, ils ne peuvent constituer les seules figures de proue du paysage littéraire québécois.

Les années 1980 se présentent ainsi comme une période de doute, voire de soupçon, à l’égard du romanesque que peut symboliser, par exemple, l’écriture complexe et torturée de Gilbert La Rocque (1943-1984), auteur des Masques (1980) et du Passager (1984). Il reste que la question du renouvellement du genre demeure toujours aussi cruciale. Avec l’affirmation d’une société multiculturelle, elle va favoriser une logique de décentrement qui permettra aux romanciers, « légitimes » ou « migrants », d’instaurer un autre rapport avec le « pays de l’hiver ».