QUÉBEC (PROVINCE DE)
Peuplement et institution du territoire
Occupation précoloniale
Bien que l’on s’interroge toujours sur la période d’arrivée des premiers humains en Amérique, leur présence est attestée au Québec depuis 12 000 ans, aux abords de l’ancienne mer de Champlain. Ce milieu de toundra herbacée se prêtait au nomadisme de groupes pratiquant la chasse aux grands cervidés. Cette population naissante augmenta et s’étendit à la faveur de la déglaciation. Au fil des neuf millénaires suivants, l’établissement humain s’intensifia, mais le nomadisme demeura la règle. L’introduction de la céramique et de l’agriculture s’accompagna, il y a 3 000 ans, lors de la période dite sylvicole, d’une poussée démographique et d’une relative fixation de l’habitat. La sédentarité n’advint cependant que vers l’an 1000 dans la vallée du Saint-Laurent, lorsque l’agriculture, la culture du maïs notamment, concentra certains groupes en des villages plus populeux. Sur le plan linguistique et culturel, la population autochtone se répartissait à l’époque en deux familles. Les nomades, la plupart implantés sur le Bouclier canadien, constituaient la famille algonquienne. Les sédentaires, occupant la plaine fertile près du fleuve et des Grands Lacs, formaient la famille iroquoienne. Par ailleurs, dans le Grand Nord québécois, l’occupation humaine s’engagea au terme de la déglaciation complète du territoire. Des populations de l’Arctique provenant de l’ouest s’y installèrent il y a 4 000 ans. Après l’an 1000, leurs descendants – les Dorsétiens – cohabitèrent jusqu’à la fin du xve siècle avec les Thuléens, ancêtres des Inuits, qui en quelques siècles les assimilèrent.
Vers l’an 1500, au seuil de sa colonisation par l’Europe, le Québec-Labrador était l’habitat d’une dizaine de nations dont la coexistence, nourrie d’échanges, n’était pas exempte de guerres. Une grande mobilité, surtout chez les nomades, compensait la faible densité d’occupation, si bien que leurs territoires étaient souvent fort étendus et intriqués par endroits. Dans la famille algonquienne, les Abénaquis, les Malécites et les Micmacs partageaient la région appalachienne. De leur côté, les Anishinabes, les Atikamekws, les Cris, les Innus et les Naskapis peuplaient le Bouclier canadien. En ce qui concerne la famille iroquoienne, les Iroquois vivaient dans la vallée du Saint-Laurent et au sud des Grands Lacs, pendant que les Hurons-Wendats occupaient la péninsule ontarienne. Les Inuits étaient présents sur la côte septentrionale de la baie d’Hudson jusqu’au détroit de Belle Isle, à l’entrée du golfe du Saint-Laurent.
Exploration et implantation européenne
Alors que l’Espagne et le Portugal se réservaient l’Amérique du Sud, l’Angleterre, tout au début du xvie siècle, partit à la recherche du passage du Nord-Ouest et entreprit la colonisation de l’Amérique du Nord. Pour sa part, en 1534, la France lança une expédition à la hauteur de Terre-Neuve, où des Bretons et des Basques pratiquaient depuis quelque temps la pêche à la morue et la chasse à la baleine. Lors de ce premier voyage, Jacques Cartier explora le golfe du Saint-Laurent. Ce ne fut que lors de son deuxième voyage, l’année suivante, qu’il remonta le fleuve jusqu’à Hochelaga (Montréal). Il hiverna à Stadaconé (Québec) et repartit convaincu que l’endroit pourrait être une escale utile vers l’Orient. Sous la houlette de Jacques Cartier et Jean-François de La Rocque de Roberval, un projet d’établissement prit forme dans la foulée à Cap-Rouge, un peu en amont de Québec. Son occupation fut toutefois brève (1541-1543) et n’eut pas de suite avant la fondation de Québec par Samuel de Champlain en 1608. S’amorça ainsi la colonisation de la vallée du Saint-Laurent, où bientôt naquirent en amont d’autres bourgades : Trois-Rivières en 1634 et Ville-Marie, la future Montréal, en 1642.[...]
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Écrit par
- Guy MERCIER : professeur titulaire, département géographie, doyen de l'université Laval de Québec (Canada)
Classification
Médias