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INVESTITURES QUERELLE DES

Conflit qui, au milieu du xie siècle, éclata entre le pape et l'empereur à propos de la pratique de l'investiture accordée aux évêques par les pouvoirs laïcs (investiture ecclésiastique). Des clercs réformateurs, désireux de lutter contre la simonie dans le clergé et contre le concubinage des prêtres, dénoncèrent alors une telle pratique comme la racine du mal. En 1059, Nicolas II promulgua un décret interdisant cet usage. La mesure fut reprise par ses successeurs, Alexandre II et Grégoire VII, qui l'inclurent dans un programme plus vaste de réforme de l'Église et de la société. L'empereur Henri IV, qui tenait à contrôler la désignation des évêques de l'Empire parce qu'il leur déléguait des pouvoirs régaliens, s'opposa à ces décisions. Il en résulta un long conflit, qu'on a appelé la querelle des Investitures.

Henri IV ouvrit le feu en faisant déposer le pape par une assemblée d'évêques allemands et italiens. Grégoire VII riposta par l'excommunication et la déposition de l'empereur (1076), contre lequel, profitant de l'occasion, une partie des princes allemands se révolta. À Canossa (1077), le monarque sollicita son pardon en reconnaissant ses péchés. Mais, désormais plus libre, il reprit une politique indépendante et lutta avec succès contre l'anti-roi que lui opposaient ses adversaires. En 1080, Grégoire VII l'excommunia et le déposa de nouveau. Henri réagit, fit élire un antipape, força Grégoire à quitter Rome et à se retirer à Salerne, où il mourut abandonné de presque tous. Après le bref pontificat de Victor III, Urbain II (1088-1099) reprit la condamnation de l'investiture, mais il agit avec prudence et habileté ; et il se gagna de nombreuses sympathies. Au début du xiie siècle, le conflit rebondit avec le fils d'Henri IV, l'empereur Henri V, qui intimida un moment le pape Pascal II et le força à renoncer aux objectifs fixés par ses prédécesseurs. La papauté se ressaisit sous Gélase II, qui excommunia le souverain allemand en 1118.

Finalement, la lassitude aidant et des solutions logiques et pratiques ayant été suggérées par des canonistes (Yves de Chartres), en parlant de la distinction, dans les fonctions de l'évêque, entre la charge temporelle de l'office spirituel, on parvint à un accord connu sous le nom de Concordat de Worms (1122) et conclu par le pape Calixte II. Il fut décidé qu'à l'avenir les évêques seraient élus par le clergé en présence d'un représentant du monarque, puis qu'ils prêteraient serment à celui-ci, après quoi ils seraient consacrés par l'archevêque métropolitain. Une procédure du même type entra en vigueur dans le reste de la chrétienté latine.

— Marcel PACAUT

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Écrit par

  • : professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lyon-II-Lumière

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