EXTRÊME-ORIENT QUESTION D'
Les répercussions des deux guerres mondiales
La Première Guerre mondiale modifie certaines données de la question d'Extrême-Orient. En 1919, la Russie soviétique a renoncé aux droits et privilèges acquis en Chine par le gouvernement tsariste. Le Japon apparaît comme le grand bénéficiaire. Il a chassé l'Allemagne de la Chine. Il a présenté en 1915 ses « vingt et une demandes » au gouvernement chinois, qui aboutiraient en fait à le placer « dans une position de vassalité ». Ces exigences déclenchent en Chine une résistance nationale inattendue, et aussi l'inquiétude des États-Unis. C'est pourquoi les accords sino-japonais ne satisfont pas entièrement à toutes les exigences du Japon. Ils lui donnent cependant une position très forte non seulement en Mandchourie, mais encore dans le Shandong et le Fujian. À la conférence de la paix suivant la Première Guerre mondiale, de grands avantages sont consentis au Japon, à qui sont transférés en particulier les droits et les possessions de l'Allemagne au Shandong. À cette nouvelle, de violentes manifestations se produisent en Chine, dont l'importance témoigne des progrès de la conscience nationale. C'est le mouvement dit du 4 mai 1919, auquel prennent part des étudiants, des marchands et des ouvriers des ports. Le Japon est visé et aussi les grandes puissances, mais surtout le gouvernement de Pékin, accusé de collaboration avec le Japon et de capitulation devant l'Occident.
La conférence de Washington (12 nov. 1921-6 févr. 1922) réunit les représentants des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Belgique, du Portugal, du Japon et de la Chine. Un de ses objectifs est de poser la question d'Extrême-Orient en des termes nouveaux. Les puissances s'engagent « à respecter la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale et administrative de la Chine ». Le principe de la « porte ouverte » est admis. Cependant, la Chine n'obtient pas l'indépendance douanière, et l'on décide de ne supprimer l'exterritorialité que lorsque l'organisation judiciaire chinoise offrira des garanties considérées comme suffisantes. En 1928 et 1929, la Chine obtient enfin son autonomie douanière, mais elle doit accorder à la plupart des pays avec qui elle signe un traité la clause de la nation la plus favorisée. Le 28 décembre 1929, le gouvernement chinois décide unilatéralement qu'à partir du 1er janvier 1930 tous les étrangers se trouvant sur le territoire chinois relèveront des lois chinoises. En fait, les puissances ne renoncent pas à leurs privilèges. La conférence avait marqué également un « coup d'arrêt » à l'expansionnisme japonais. Sous la pression des États-Unis, le Japon avait, le 4 février 1922, passé un accord avec la Chine, par lequel il s'engageait à lui rendre le territoire à bail de Jiaozhou, les anciens biens allemands de ce territoire et les voies ferrées ex-allemandes du Shandong. Cependant, le Japon poursuit par à-coups, mais sans rencontrer de sérieux obstacles (du côté des puissances occidentales), sa politique d'investissement de la Chine. L'Angleterre et surtout la France ne jouent plus un rôle décisif dans le règlement de la question d'Extrême-Orient. C'est la rivalité américano-japonaise qui passe au premier plan.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Japon semble résoudre à son profit exclusif la question d'Extrême-Orient en chassant ses concurrents et en organisant la « Grande Asie ». Ses victoires sont cependant équivoques. Elles lui assurent la domination sur tout le Sud-Est asiatique, mais elles contribuent directement ou indirectement à développer les mouvements de libération nationale. C'est ainsi qu'en janvier 1943, pour contrebalancer l'influence du Japon, les Anglo-Américains renoncèrent à leurs concessions[...]
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Écrit par
- Jean BRUHAT : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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