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MILINDA QUESTIONS DE

On trouve dans la littérature bouddhique en pāli un ouvrage exceptionnel : Les Questions de Milinda (Milinda-pañha) qui se présente comme un dialogue entre le moine bouddhiste Nāgasena et le roi grec de Bactriane Ménandre (en pāli, Milinda). Au début du texte, Siālkot (Sakala), capitale du royaume, est présentée comme une ville importante que fréquentent les propagandistes des diverses religions du temps. Ménandre en interroge plusieurs, et notamment des brahmanes. Discutant avec eux à la manière de Socrate, il les réduit facilement au silence, mais trouve enfin son maître en la personne de Nāgasena. Vaincu, converti, il décide d'abandonner le pouvoir et de se faire moine.

L'ouvrage est grec de facture mais bouddhiste d'inspiration, à la manière de la statuaire qui s'élabore à la même époque et dans les mêmes régions (art gréco-bouddhique du Gandhāra). L'influence platonicienne est visible non seulement dans la première partie où le dialogue est conduit selon le modèle socratique, mais aussi dans la seconde où est évoquée une « cité idéale » qui ressemble à La République de Platon. On a cherché à savoir si la rencontre entre Milinda et Nāgasena (ainsi que la conversion du premier) avait une réalité historique mais aucun des arguments avancés pour ou contre cette historicité n'a pleinement convaincu. Tout est vraisemblable dans ce texte (les noms des personnages, l'atmosphère propre aux entretiens, l'hellénisation culturelle de cette partie de l'Asie) mais rien n'est historiquement certain, au moins en l'état actuel des connaissances. De toute façon, l'ouvrage a été plusieurs fois remanié, et par des mains différentes. Tel quel, il reste en tout cas l'un des chefs-d'œuvre de la prose pāli.

— Jean VARENNE

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

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