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QUETZALCÓATL

De quetzalli (plume précieuse) et cóatl (serpent), Quetzalcóatl désigne le Serpent à plumes, l'une des principales divinités du panthéon de l'ancien Mexique. On en trouve des représentations dès la civilisation de Teotihuacán (iiie-viiie s.) du plateau central. À cette époque, il semble que Quetzalcóatl ait été considéré comme un dieu de la végétation — divinité de la terre et de l'eau très étroitement liée avec le dieu de la pluie, Tlaloc.

Quetzalcóatl - crédits : Encyclopædia Universalis France

Quetzalcóatl

Tête de Quetzalcóatl - crédits : Sean Sprague/Mexicolore,  Bridgeman Images

Tête de Quetzalcóatl

À la suite de l'émigration des tribus du Nord, de langue nahua, le culte de Quetzalcóatl subit des changements fondamentaux. La culture toltèque qui suivit (ixe-xiie s.), et qui eut pour centre Tula, mit l'accent sur la guerre et sur les sacrifices humains liés à l'adoration des corps célestes. Quetzalcóatl devint ainsi le dieu de l'étoile du matin et du soir, et son temple était le cœur de la vie rituelle à Tula.

Pierre du Soleil - crédits : S. Sprague, Mexicolore,  Bridgeman Images

Pierre du Soleil

À l'époque aztèque (xive-XVIe s.), on adora en Quetzalcóatl le chef des prêtres, l'inventeur du calendrier et du livre, le protecteur des orfèvres et des artisans ; il fut aussi identifié avec la planète Vénus. On disait qu'il était descendu, avec son compagnon Xolotl, dieu à tête de chien, au fond des enfers de Mictlán pour rassembler les ossements des morts. Ces os, il les oignait de son propre sang, donnant ainsi naissance aux hommes de l'actuel univers.

Tout un ensemble de mythes décrit Quetzalcóatl comme le prêtre roi de Tula, capitale des Toltèques. Il n'offrit jamais de victimes humaines, mais seulement des serpents, des oiseaux et des papillons. Cependant, le dieu du ciel nocturne, Tezcatlipoca, le chassa de Tula par des pratiques de magie noire. Quetzalcóatl erra le long de la côte de « l'eau divine » (l'océan Atlantique), puis s'immola sur un bûcher pour renaître sous la forme de la planète Vénus. D'après une autre version, il se serait embarqué sur un radeau formé par des serpents et aurait disparu au-delà de l'horizon oriental.

La légende de la victoire de Tezcatlipoca sur le Serpent à plumes reflète probablement un fait historique. Le premier siècle de la civilisation toltèque fut dominé par la culture de Teotihuacán dont les idéaux étaient inspirés par des règles sacerdotales et imprégnés d'intentions pacifiques. La pression des immigrants venus du Nord entraîna une révolution sociale et religieuse, et une classe militaire dominante ravit aux prêtres le pouvoir. La défaite de Quetzalcóatl symbolisait la chute de la théocratie traditionnelle. Son voyage maritime vers l'est devait être lié à l'invasion des Itzá, tribus dont les caractères toltèques sont très évidents. Dans le calendrier, le nom de Quetzalcóatl était Ce-Acatl (un roseau). La croyance selon laquelle il devait revenir de l'Est l'année « du roseau » amena le souverain aztèque Montezuma à regarder le conquérant espagnol Hernán Cortés et ses compagnons comme des envoyés divins, car l'année 1519, durant laquelle ils abordèrent dans le golfe du Mexique, était une année « du roseau ».

Outre son aspect de serpent à plumes, Quetzalcóatl avait souvent celui d'un homme barbu ; en tant qu'Ehécatl, le dieu du vent, il portait un masque avec deux tuyaux pointant en avant (à travers lesquels le vent soufflait), et un chapeau conique, caractéristique de la tribu huastèque du Mexique du Nord-Est. Le temple de Quetzalcóatl à Tenochtitlán, la capitale aztèque, était une construction ronde, cette forme convenant à la personnalité d'un dieu comme Ehécatl ; on pensait, en effet, que des temples circulaires plaisaient à celui-ci, car ils n'offraient aucune résistance au vent. Des monuments ronds apparurent ainsi très fréquemment en territoire huastèque.

Quetzalcóatl régnait pendant les jours appelés ehécatl (vent) et au cours de la deuxième série[...]

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