Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

QUININE

Chimie thérapeutique de la quinine

La quinine, C20H24O2N2 (poids moléculaire 324,4), cristallise en fines aiguilles incolores, très peu solubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, le chloroforme et le benzène. Elle possède un noyau quinoléique, relié par une fonction alcool secondaire à un noyau quinuclidique portant une chaîne vinyle. Sa synthèse totale, réalisée par Robert Burns Woodward et William E. Doering en 1944, n'a qu'un intérêt théorique, du fait du haut rendement en alcaloïdes des quinquinas sélectionnés, qui est de l’ordre de 5 p. 100 en poids.

La quinine n’agit directement que sur les hématozoaires du paludisme (Plasmodium vivax, P. falciparum, P. malariae) qui prolifèrent à l'intérieur des globules rouges. Elle interfère également avec le métabolisme de l’hémoglobine dans ces cellules, ce qui affecte le cycle vital du parasite.

Bien que faiblement active contre certains agents du paludisme, la quinine a été hégémonique dans le traitement des différentes formes de la maladie jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Substance efficace, elle n’est toutefois pas dépourvue d’effets secondaires. Elle peut en effet provoquer des troubles sensoriels (vertiges, bourdonnements d'oreilles, diplopie), des nausées et des migraines. Elle est enfin cardiotoxique et abortive à forte dose. L’ensemble de ces effets secondaires liés à un surdosage est regroupé sous le nom de cinchonisme. Par ailleurs, son amertume a contraint à imaginer des préparations qui en masquent le goût. Du fait de l’apparition d’antipaludéens moins toxiques depuis 1945 environ, l’usage de la quinine a considérablement décru. Cependant, elle reste employée contre certaines formes graves de paludisme.

— Gabriel GACHELIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Médias

Écorce de quinquina - crédits : Heike Rau/ Shutterstock

Écorce de quinquina

Fleurs et feuilles de l’arbre à quinquina - crédits : Wellcome Collection

Fleurs et feuilles de l’arbre à quinquina

Autres références

  • ALCALOÏDES

    • Écrit par
    • 5 686 mots
    • 5 médias
    ...évidence les premiers « principes actifs » des plantes utilisées en médecine, ouvrant la voie à un emploi plus rationnel des médicaments. On ne peut passer ici sous silence le nom de deux pharmaciens français, P. J.  Pelletier et J. B.  Caventou, qui sont à l'origine de la découverte de laquinine en 1820.
  • CHLOROQUINE ET HYDROXYCHLOROQUINE

    • Écrit par
    • 3 078 mots
    • 2 médias
    ...paludisme. Entre 1820 et 1840, une trentaine d’alcaloïdes sont isolés de ces écorces. Deux de ces molécules trouvent immédiatement leur place en médecine : la quinine, médicament spécifique du paludisme, et la quinidine, énantiomère de la quinine (son image dans un miroir), historiquement utilisée dans le traitement...
  • PALUDISME ou MALARIA

    • Écrit par , et
    • 2 876 mots
    • 4 médias
    Parmi les schizonticides, la quinine (alcaloïde du quinquina) garde toujours des indications importantes, grâce à la rapidité de son action, précieuse dans les formes graves. La brièveté de ses effets lui fait préférer dans la pratique courante des produits plus récents et plus faciles d’emploi, les «...
  • PRÉVENTION DU PALUDISME

    • Écrit par
    • 4 789 mots
    • 5 médias
    ...militaires, l’amirauté britannique a élaboré en 1847 un règlement (rapport Bryson) prescrivant, chaque jour et sous le contrôle des officiers, la prise de sulfate de quinine (purifiée depuis 1820) aux équipages naviguant dans les zones à paludisme. La procédure a semblé remarquablement efficace puisque la...