RABAT
Déjà « ville impériale », Rabat est choisie en 1912 (début du protectorat français), au détriment de Fès, pour être la capitale du Royaume du Maroc, fonction qu'elle conserva après l'indépendance. Située sur la côte atlantique à l'embouchure de l'oued Bou Regreg, sur la rive gauche, elle forme avec sa jumelle Salé, placée en face et reliée par un pont, une conurbation de 1,7 million d'habitants (2008).
La présence humaine est attestée dès la préhistoire. Rabat fut aussi un comptoir fréquenté par des navigateurs phéniciens et carthaginois, avant de devenir une importante colonie romaine sous le nom de Sala Colonia (nom qui sera repris par la ville de Salé). Des traces subsistent de cette époque dans le site de Chellah, aménagé en nécropole sous les Mérinides, au xive siècle.
Sa fondation, au milieu du xiie siècle, est due au premier sultan almohade, 'Abd al-Mu'min, qui transforma un ribāt (monastère fortifié) en citadelle militaire (l'actuelle Kasbah des Oudaïas). Ensuite, Yaqūb al-Mansūr lui attribua le nom de Ribāt al-Fath (la victorieuse) ; il y fit édifier de longs remparts et entreprit la construction d'une immense mosquée dotée d'un grand minaret resté inachevé (la Tour Hassan). Après avoir été lieu de départ pour les expéditions musulmanes vers l'Andalousie, Rabat fut, au xviie siècle, une cité corsaire très active, grâce à l'apport d'un groupe de musulmans réfugiés de l'Estrémadure (les Hornacheros), avant de connaître un déclin économique et social.
Au début du protectorat, conservant face à la mer la structure compacte de la médina entourée de remparts, l'urbaniste Henri Prost, sous les directives de Lyautey, aménagea Rabat, siège de la Résidence Générale, en ville aérée pourvue de maisons basses, de nombreux jardins et d'avenues encadrées de beaux bâtiments en style néo-mauresque. Tout en abritant le siège du Palais royal et du gouvernement, les ministères, le Parlement, les ambassades, des musées, un pôle universitaire et un modeste aéroport, elle demeure au long du xxe siècle une « ville provinciale », administrative et artisanale, perdant sa fonction portuaire à l'avantage de Casablanca.
Passant de 156 000 en 1952 à 518 000 habitants en 1982, Rabat est marquée, dès les années 1990, par des transformations profondes et commence à changer d'échelle. L'immigration engendre une modification de la structure sociale et du paysage urbain ainsi qu'un fort étalement du bâti vers l'ouest et le sud. Si Salé, agglomération refuge et « ville dortoir », connaît un désordre urbanistique caractérisé par la diffusion de bidonvilles et l'habitat clandestin, le tissu de Rabat se diversifie et acquiert un aspect contrasté : aux riches quartiers de villas (Souissi), s'ajoutent des zones populaires (Yacoub el-Mansour, Akkari, Douar Doum) et de classes moyennes, comme l'Agdal, moderne centre commercial et tertiaire.
Le quartier de Hay Riyad, lancé à la fin des années 1970 à l'ouest de la ville, s'apprête à devenir une importante zone d'attraction résidentielle et tertiaire, en raison de son développement et du déplacement des sièges de ministères. Plusieurs projets de grande envergure ont été lancés dans les années 2000 sur initiative royale avec l'appui d'investisseurs étrangers : l'aménagement de la Corniche sur 13 kilomètres en direction de Témara, la réalisation d'un tunnel sous la Kasbah permettant une liaison directe avec la voie côtière, un immense projet résidentiel, touristique et de loisirs sur les berges du Bou Regreg comprenant une marina à l'embouchure du fleuve, l'édification de la ville nouvelle de Tamesna. Avec la modernisation des gares ferroviaires, la réalisation de lignes de tramway à la fin des années 2000 facilitera les liaisons avec Salé et les problèmes de circulation. Encadrée dans[...]
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Écrit par
- Raffaele CATTEDRA : maître de conférences à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry
Classification
Média
Autres références
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MAROC
- Écrit par Raffaele CATTEDRA , Myriam CATUSSE , Encyclopædia Universalis , Fernand JOLY , Luis MARTINEZ et Jean-Louis MIÈGE
- 20 360 mots
- 22 médias
...des « gradients de dynamisme régional » (J.-F. Troin). Le véritable centre névralgique du Maroc est polarisé par le système métropolitain Casablanca- Rabat. Ce « moteur » économique se développe le long du corridor urbain du littoral atlantique et rayonne en auréole vers l'intérieur, englobant les espaces...