RADEK KARL SOBELSOHN dit KARL (1885-apr. 1937)
Né en Galicie, Radek commence à militer au tournant du siècle dans le mouvement révolutionnaire polonais ; ses lectures encyclopédiques et éclectiques le conduisent à se rallier au marxisme. Il se rend à l'étranger où il entre en contact avec les dirigeants de la social-démocratie polonaise et russe. En 1905, il est à Varsovie où il collabore aux publications de la S.D.K.P.I.L. (organisme d'éditions) dirigée par Rosa Luxemburg. Arrêté pour son activité politique et syndicale en 1907, il regagne l'Allemagne en 1908 et il devient l'un des dirigeants de l'extrême gauche de Brême. Opposé à Rosa Luxemburg au moment de la scission de la social-démocratie polonaise en 1912, il est l'un des dirigeants de la fraction soutenue par Lénine. En Suisse, pendant la guerre, Radek poursuit son activité de publiciste de l'extrême gauche et se range aux côtés de Lénine ; il fait partie avec les bolcheviks de la gauche de Zimmerwald. Il bénéficie du train affrété pour Lénine et les autres émigrés bolcheviks au lendemain de la révolution de février, mais n'étant pas citoyen russe, il doit rester à Stockholm jusqu'à la révolution d'Octobre. Sur la recommandation de Lénine, on lui confie la direction du Bureau de la propagande internationale au commissariat du peuple aux Affaires étrangères. Il participe aux pourparlers de Brest-Litovsk et dirige la section d'Europe centrale au commissariat du peuple aux Affaires étrangères. Délégué au Congrès des conseils, à Berlin, en décembre 1918, il parvient à s'y rendre clandestinement ; arrêté le 15 février 1919, il reste onze mois à la prison de Moabit où il joue le double rôle de conseiller du P.C.A. et de représentant officieux du gouvernement bolchevique. De retour à Moscou, il occupe pour une courte période le poste de secrétaire du Komintern au sein duquel il joue un rôle de premier plan jusqu'en 1924 : il devient membre du comité exécutif et de la « petite commission » (futur Présidium). Délégué à la conférence des trois Internationales à Berlin en 1922, au congrès du P.C.A. en février 1923, il assiste au congrès de la IIe Internationale à Hambourg, en mai.
Faisant partie de l'opposition de gauche en 1923, il perd en 1925 ses positions au Komintern et au comité central où il siégeait depuis 1918. Relégué à la direction de l'Université Sun Yat-sen de Moscou, il critique en 1926 la politique de Staline envers la Chine et exige un changement d'orientation à l'égard du Guomindang. Exclu du P.C. de l'U.R.S.S. en 1927, il est envoyé en Sibérie, opère un brusque revirement en 1929, est réadmis dans le parti et se rallie à Staline. Il devient alors, en quelque sorte, le secrétaire personnel de Staline. Il réclame en 1936 la peine de mort pour Kamenev et Zinoviev ; lui-même arrêté à la fin de la même année, il est condamné à dix ans de prison. On ignore la date et les circonstances de sa mort.
Brillant, mais désordonné, Radek est, parmi le groupe de dirigeants bolcheviques, une figure à part : si son intelligence aiguë attire, un mélange de cynisme et d'opportunisme porte quelque ombre sur son crédit moral. L'attitude qui fut la sienne à son procès est conforme à la légende du personnage : à la fois ironique envers Staline et complaisant (c'est lui qui dénonce Toukhatchevski).
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Écrit par
- Claudie WEILL : chercheur à l'École pratique des hautes études
Classification
Média
Autres références
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U.R.S.S. - Histoire
- Écrit par Nicolas WERTH
- 22 741 mots
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