RADIOHEAD
Le groupe de rock anglais Radiohead s'est imposé, depuis les années 1990, comme une des influences majeures de la scène rock internationale. En perpétuelle recherche musicale, il transgresse les frontières du rock, emprunte à l'électro, au jazz ou aux musiques expérimentales pour offrir une musique puissante et tourmentée.
Formé sous le nom de On A Friday à la fin des années 1980 à l'école Abingdon, dans le comté d'Oxford, le groupe réunit à l'origine quatre jeunes étudiants issus de familles de la classe moyenne : Thom Yorke (voix et guitare, né en 1968), Colin Greenwood (basse, né en 1969), Ed O'Brien (guitare, né en 1968), Phil Selway (batterie, né en 1967). Ils seront rapidement rejoints par Jonny Greenwood (guitare et clavier, né en 1971).
Fortement influencé par les groupes américains comme REM, Pixies ou encore Nirvana, le groupe se produit à ses débuts dans les pubs. Après avoir terminé leurs études supérieures, ses membres signent chez EMI-Parlophone en 1992 sous le nom de Radiohead, en référence à une chanson des Talking Heads. Leur premier single, « Creep » – sorte d'hymne paradoxal au mal-être existentiel et au dégoût de soi – les révèle sur la scène internationale et leur permet de sortir leur premier album, Pablo Honey (1993). La réputation du groupe naît alors, notamment au cours de concerts où Thom Yorke, à l'apparence fragile et taciturne, affiche une énergie désespérée.
Leur deuxième opus, The Bends, sort en 1995 et assoit leur renommée. Évoquant un sentiment d'aliénation puissant sur fond de spleen parfois rageur, il se compose de morceaux de rock entraînants, comme « Bones », qui alternent savamment avec des ballades lyriques et mélancoliques telle « High and Dry ». Fort du succès de The Bends que Radiohead défend dans le monde entier, notamment en première partie de REM, le groupe n’est plus contraint par son label EMI de travailler avec un producteur extérieur. Lors de l'enregistrement de son troisième album, il commence sa collaboration avec le producteur Nigel Godrich, souvent considéré comme le sixième membre du groupe. Porté aux nues par la critique, l’album OK Computer (1997) est à la hauteur du succès commercial de l'album The DarkSide of the Moon (1973) des Pink Floyd. Il affiche des sonorités profondes et une beauté d'une froideur saisissante, tandis que de multiples textures, sombres et denses, enveloppent la voix ténue de Thom Yorke dans des titres comme « Lucky », « Karma Police » ou « Paranoid Android ». Les concerts de Radiohead deviennent des événements incontournables de la scène pop. Toutefois, les membres du groupe s'accommodent mal de la pression commerciale et médiatique que ce succès engendre et se retirent de la scène pendant deux ans.
La sortie dans les bacs de Kid A en 2000 puis d'Amnesiac en 2001 annonce clairement que Radiohead veut s'éloigner de la médiatisation que lui a value OK Computer. Leur musique est plus expérimentale avec l'introduction de l'électronique et du free jazz. Certains morceaux, en particulier « Kid A » et « Idioteque », sont presque dépourvus de guitare et déconcertent un grand nombre d'auditeurs. Radiohead semble désavouer son héritage musical dans ces deux opus issus des mêmes sessions d'enregistrements. En s'éloignant de la ligne mélodique et de l'instrumentation rock pour créer des paysages complexes, il parvient à mêler cette nouvelle approche à ses racines guitaristiques dans l'album suivant Hail to the Thief (2003). En 2006, Thom Yorke, qui, malgré lui, est devenu pour certains la voix de sa génération, collabore avec le producteur du groupe Nigel Godrich pour donner naissance à un album solo, The Eraser.
Parvenu, en 2003, au terme des six albums pour lesquels le groupe avait signé avec EMI, Radiohead quitte la major[...]
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Écrit par
- Barney HOSKYNS : journaliste
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
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REICH STEVE (1936- )
- Écrit par Patrick WIKLACZ
- 2 886 mots
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