RADIOLAIRES
Les radiolaires sont des animaux unicellulaires (protozoaires) marins qui appartiennent à la superclasse des Actinopodes. D'une taille comprise entre 50 à 300 micromètres, ces micro-organismes pélagiques font partie du zooplancton. Beaucoup présentent un squelette (test) siliceux dont la forme est très variée en fonction des espèces. Leur chance de préservation dans les séries géologiques est très faible : les vicissitudes qu'ils subissent entre leur lieu de vie et leur fossilisation sont généralement rédhibitoires. L'utilité géologique des radiolaires a longtemps été sous-estimée. Leur regain d'intérêt provient d'une idée fausse : on les croyait liés au volcanisme sous-marin. Il n'en est rien. Les radiolaires fossiles se voit aujourd'hui reconnaître la même puissance informative que d'autres groupes, tels les foraminifères, en tant que chronomètres ou comme indicateurs d'environnement. En outre, leur contenu lipidique est si riche qu'ils représentent une source potentielle d'hydrocarbures.
Historique
Les radiolaires, présents sur la Terre depuis le Cambrien (plus de 500 millions d'années), représentent l'un des groupes les plus anciens d'organismes vivants. Après avoir été définis au cours du xixe siècle, ils n'ont fait l'objet, jusque dans les années 1980, que d'études sporadiques. Depuis lors, de nombreux travaux ont été entrepris, notamment sur les radiolaires paléozoïques et mésozoïques, pour mieux les connaître et les utiliser.
La première publication concernant ces animaux est signée de Franz Julius Ferdinand Meyen, en 1834, mais les premiers travaux importants ont été entrepris, au milieu du xixe siècle, par Christian Gottfried Ehrenberg. Ce dernier décrit plusieurs centaines d'espèces vivantes ou datant du Cénozoïque. Le nom Radiolaria, dû à Johannes Peter Müller, apparaît en 1858. Dans une synthèse publiée en 1879, ce dernier distingue les principaux groupes en se basant sur la forme de la membrane capsulaire, membrane séparant l'endoplasme (interne) de l'ectoplasme (externe) de ces eucaryotes unicellulaires. Ernst Heinrich Haeckel, quant à lui, s'est intéressé aux radiolaires collectés par le navire océanographique H.M.S. Challenger lors de son tour du monde (1873-1876). Dans une publication datant de 1887, il décrivit 785 nouvelles espèces et présente une classification fondée cette fois sur la morphologie du squelette. Toutefois, sa préoccupation essentiellement géométrique prit le pas sur le souci de retrouver un système naturel et obscurcit les valeurs stratigraphiques et écologiques des radiolaires pendant près d'un siècle.
Dans les années 1950, William Rex Riedel établit que les radiolaires, qui semblaient identiques dans divers sites d'âges différents, résultent en fait d'une condensation extrême et de remaniements dans les carottes (mélange de faunes du Tertiaire et du Quaternaire). Il prouve que les radiolaires évoluent au cours du Cénozoïque, tout autant que les autres groupes fossiles et qu'ils sont donc tout aussi utiles en stratigraphie. Maria Petrushevskaya propose une classification (1962, 1964, 1971) fondée sur la structure de petits éléments internes appelés « spicules céphaliques » ou « squelette interne ».
La classification des biologistes est fondée sur les relations entre le noyau et l'axoplaste (centre régulateur des axopodes qui sont des baguettes semi-rigides permettant au cytoplasme de se prolonger vers l'extérieur), celle du paléontologue s'appuie sur la forme du squelette. Comme la disposition des axopodes influe sur la forme même du squelette, il est possible d'établir des parallèles entre ces deux types de classification.
Les radiolaires, dont le groupe comporte un grand nombre d'espèces (6 700 espèces répertoriées en 1970, quelque[...]
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Écrit par
- Patrick DE WEVER : professeur émérite, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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