RADIOLAIRES
Modifications post-mortem des radiolaires
Le nombre d'individus et d'espèces est beaucoup moins important dans les sédiments (et a fortiori dans la roche) que dans le plancton. Cette diminution drastique de la quantité de tests est due à leur dissolution au cours de leur chute dans la colonne d'eau (fig. 2). Des expériences ont montré un degré de dissolution important en quelques heures ou quelques jours. Dans les sédiments des marges continentales, les radiolaires sont généralement rares ou absents car ils se retrouvent dilués par d'importants apports de matériel terrigène. Ils peuvent être abondants dans les sédiments des bassins relativement peu profonds (500 m) et peu éloignés de la côte, tel le bassin de Santa Barbara au large de la Californie ou encore dans les calcaires de Solnhofen.
Après la mort de l'individu, son squelette est sujet à dissolution pendant sa chute, son exposition à l'interface eau de mer-sédiment et, finalement, dans le sédiment. Les tests siliceux sont généralement peu présents dans les sédiments, sauf sous les zones de haute productivité, les variations d'abondance dans l'eau se retrouvant dans le sédiment et s'amplifiant. En effet, tout se passe comme s'il y avait préservation du signal siliceux jusqu'à un certain seuil à partir duquel les tests deviennent abondants dans les sédiments. Dans certaines zones, les radiolaires sont parfois si nombreux qu'ils représentent le constituant unique de certaines roches appelées alors radiolarites. Dans les zones de productivité moyenne, entre le tiers et la moitié de la production de surface parvient au fond de l'océan, alors que, dans les zones de forte productivité, les deux tiers l'atteignent. Globalement, moins de 0,1 p. 100 de la silice fixée par les organismes planctoniques en surface se retrouve dans les sédiments.
Avec une légère augmentation de productivité, on peut donc passer d'un sédiment dépourvu de radiolaires à un sédiment riche en radiolaires. Les sédiments, puis les roches, apparaissent alors rubanées : des niveaux calcaires alternent avec des niveaux de jaspe (niveaux siliceux dérivant d'une vase de radiolaires) ou des niveaux de jaspe alternent avec des horizons argileux, comme c'est le cas pour les radiolarites. Le rubanement de certaines radiolarites est parfois interprété comme le résultat de changements de cycles climatiques liés au mouvement de mutation subi par l'axe de rotation de la Terre (précessions des équinoxes) (P. De Wever, 1987).
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Écrit par
- Patrick DE WEVER : professeur émérite, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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