RADIOPROTECTION
Radiopathologie
On distingue en radiopathologie les effets somatiques, fœto-embryonnaires et également génétiques.
Les effets somatiques concernent l'individu lui-même. Les radiolésions présentent des caractères généraux. D'une part, la durée de latence entre l'irradiation et l'apparition des troubles est de quelques jours à quelques années ; d'autre part, tant que les doses ne sont pas fortes, les radiolésions somatiques peuvent être réparées par les défenses de l'organisme (restauration). Enfin, les atteintes sont limitées à l'individu irradié et leur absence de spécificité rend souvent difficile le diagnostic étiologique :
– au niveau cellulaire – cela intéresse aussi la radiopathologie – les connaissances récentes sur les mécanismes de réparation de l'A.D.N. par les enzymes spécialisés, peut-être par un système de secours (SOS) mis en évidence dans les cellules animales, permettent de mieux comprendre les relations entre la dose absorbée et l'effet obtenu et de déceler aussi les possibilités de cancérogenèse ;
– au niveau des tissus, les effets somatiques sont fonction de la loi de Bergonie et Tribondeau : plus un tissu est jeune et peu différencié, plus il est radiosensible.
Cette notion fut précisée dès les premières décennies de ce siècle par la définition des lois qui relient la grandeur de l'effet à la dose de rayonnements absorbée par les tissus biologiques :
– il y a une différence de sensibilité des tissus et des organes ;
– la radiosensibilité est une propriété des cellules ;
– plus les cellules ont une croissance rapide plus elles sont radiosensibles.
– c'est le matériel héréditaire qui, dans toute cellule, est le plus sensible.
Le syndrome aigu d'irradiation, dû à une dose unique de 4 grays en un temps court, débute par des nausées, accompagnées pendant quelques jours d'asthénie et de dépression. Puis apparaît la phase critique avec un tableau alarmant : chute des poils, hémorragies, anémie, infection, diarrhée, déperdition liquidienne, dénutrition et mort. La dépression du système de défense immunitaire a permis de tenter des greffes de moelle.
La dose létale ou DL 50 (dose provoquant la mort de la moitié d'une population donnée en un temps court) varie en fonction de l'espèce : scorpion (de 75 000 à 100 000 R), drosophile (64 000 R), gastéropodes (12 000 R), triton (3 000 R), homme (de 400 à 500 R).
Les effets fœto-embryonnaires concernent le produit de la conception in utero. Au cours de la période de préimplantation, l'œuf irradié meurt ou survit (loi du « tout ou rien »). En revanche, la période d'organogenèse est plus critique : mort de l'embryon ou très graves malformations (anencéphalie, hydrocéphalie, exencéphalie). Enfin, le fœtus constitué et organisé est moins radiosensible, à l'exception de son tissu nerveux qui, à ce stade, n'est pas encore totalement différencié. L'irradiation de la femme enceinte est donc particulièrement contre-indiquée dans les premières semaines de la grossesse.
Les effets génétiques concernent la descendance. Les radiations ionisantes provoquent :
– soit des génovariations, c'est-à-dire une modification de la structure chimique des chromosomes des cellules de la lignée germinale ; ainsi, l'altération d'un gène par une paire d'ions entraîne dans la descendance de l'individu irradié des mutations défavorables à l'espèce et non réparables ;
– soit divers types d'anomalies chromosomiques (cassure, délétion, soudure, translocation dicentrique) ;
– soit encore hypoploïdie ou hyperploïdie.
Les conséquences (toujours non spécifiques) des effets génétiques sont l'accroissement notable des morts néo-natales et de graves anomalies, telles que le mongolisme, le[...]
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Écrit par
- Claude LÉVY : docteur en médecine (médecine nucléaire et biologie médicale)
Classification
Médias
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