MERRY DEL VAL RAFAEL (1865-1930)
Cardinal secrétaire d'État de Pie X, né d'une mère irlandaise et d'un père espagnol, à Londres, où celui-ci était ambassadeur. Merry del Val y reçut sa première éducation et c'est là que le baron von Hügel le connut enfant. Léon XIII le distingua dès l'époque où il faisait ses études au séminaire, à Rome : il le nomma à trente-deux ans archevêque de Nicée et président de l'Académie des nobles ecclésiastiques, où le Saint-Siège formait ses futurs diplomates ; il lui confia plusieurs missions, en particulier celle de délégué apostolique au Canada, où il apaisa l'intransigeance des évêques québécois à l'égard du gouvernement libéral. Il était secrétaire du conclave au cours duquel fut élu Pie X (1903) ; celui-ci le choisit aussitôt comme secrétaire d'État à la place de Rampolla : il avait trente-huit ans.
Son nom demeure associé à l'intransigeance du pontificat qui condamna le modernisme, le Sillon et l'orientation prise par la démocratie chrétienne. On a souvent opposé la raideur de Merry del Val à la bonté de Pie X. Les travaux récents obligent à nuancer ce jugement et même à l'inverser. Sous des dehors très romains d'affabilité et de courtoisie, les deux personnages avaient établi entre eux un accord fondamental, qui se modulait selon les tempéraments. Mais c'est Pie X, De Lai et Benigni qui représentaient la tendance dure, même si le pape, devant les résistances rencontrées à l'étranger et spécialement en Allemagne, n'avait pas les moyens de sa volonté. Benigni, son collaborateur immédiat, qui le jugeait « pleutre » (vigliacco) et qui, freiné par lui, fut acculé à démissionner, appelait le cardinal : « Merry del Val la Peur ».
Pie X n'avait fait que continuer à lui assurer la faveur dont il jouissait auprès de Léon XIII. Peut-être aussi souhaitait-il avoir affaire à un caractère moins accusé que Rampolla et pensait-il qu'un cardinal étranger à l'Italie par ses origines faciliterait l'apaisement nécessaire entre elle et le Saint-Siège. Après la mort de Pie X (1914), Merry del Val acheva sa vie dans une retraite effacée. Benoît XV l'avait placé à la tête du Saint-Office : là, c'est-à-dire en matière de doctrine, son intransigeance était sans compromis ni concessions.
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Écrit par
- Émile POULAT : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
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