RAGE
Étude clinique
L'homme et tous les mammifères sont réceptifs.
La contamination est réalisée presque exclusivement par la morsure d'un animal infecté et excréteur de virus. Le virus ne traverse pas la peau intacte ; en revanche le léchage et la souillure par la salive virulente, d'une simple excoriation ou des muqueuses, peuvent provoquer la contamination.
L'incubation, totalement silencieuse, dure de quelques semaines à quelques mois, et varie en fonction de la souche de virus, (espèce et origine géographique de l'animal mordeur) et surtout de la gravité (nombre, profondeur) et de la localisation des morsures : les morsures à la tête donnent les incubations les plus courtes.
La rage déclarée chez l'homme débute par des douleurs et du prurit au niveau de la cicatrice de la morsure. Bientôt le malade présente des modifications du caractère et de l'affectivité. Brutalement éclatent des crises d'agitation avec contractures et spasmes provoqués par les plus légères excitations sensorielles. Ces spasmes bloquent notamment l'oropharynx, d'où l'impossibilité de déglutir, en particulier les liquides. Inquiet, redoutant la répétition de ces crises, le malade refuse de boire (hydrophobie). Plus rares sont les formes démentielles. De diagnostic particulièrement difficile sont les formes paralytiques (paralysie ascendante, myélite, encéphalite). Dans tous les cas, la rage déclarée chez l'homme est toujours mortelle en dépit de toutes les tentatives de traitement.
La rage chez les animaux
Chez le chien, la maladie débute par un changement de comportement ou par une fugue. Puis rapidement éclatent des crises furieuses au cours desquelles l'animal mord tout ce qui passe à sa portée. Des paralysies apparaissent de la mâchoire, de la langue, de l'oropharynx (mais il n'y a jamais d'hydrophobie). L'affection peut revêtir d'emblée une forme purement paralytique. Dans tous les cas la mort survient en quelques jours.
Chez le chat, les manifestations furieuses sont impressionnantes et les morsures toujours graves.
Les herbivores domestiques, en particulier les bovins, font une rage paralytique.
Le renard, vecteur sauvage habituel de la maladie en Europe, perd sa réserve habituelle : il s'introduit sans crainte dans les fermes et les villages et attaque les animaux domestiques et l'homme.
Diagnostic au laboratoire
Tout cas suspect de rage (surtout s'il y a risque de contamination humaine) doit être confirmé par l'examen du cerveau de l'animal en cause.
L'autopsie et le prélèvement, dangereux, ne doivent être pratiqués que par un personnel entraîné et vacciné. L'expédition au laboratoire spécialisé doit être faite en respectant des règles précises d'emballage évitant tout risque de contamination en cours de transport.
La détection de l'antigène dans le cerveau par immunofluorescence directe permet un diagnostic rapide (en quelques heures) ce qui est d'un intérêt capital pour la décision à prendre vis-à-vis des sujets mordus. Elle peut être complétée par l'isolement des virus par inoculation d'animaux de laboratoire (souriceaux nouveau-nés) ou de cultures cellulaires (cellules de neuroblastome de souris).
L'histopathologie ne donne de réponse qu'après quelques jours, par mise en évidence dans les cellules nerveuses des inclusions intracytoplasmiques spécifiques, ou corps de Negri, mais elle est la seule applicable aux prélèvements qui ont été fixés en formol. Elle peut être complétée dans certains cas particuliers, par la microscopie électronique.
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Écrit par
- Pierre SUREAU : professeur, chef de l'unité de la rage à l'Institut Pasteur, Paris
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