RAGE
Prophylaxie et prévention
La prophylaxie est fondée sur trois facteurs qui seront adaptés à chaque région :
– Le contrôle des espèces sauvages réservoirs et vectrices de la rage est assuré par la destruction d'un nombre d'individus suffisant pour ramener la densité de leur population au seuil ne permettant plus la transmission. On a expérimenté en Europe de l'Ouest, vers les années 1998 à 2000 avec succès, la vaccination des renards au moyen d'appâts contenant un vaccin vivant atténué. Ainsi la France a-t-elle pu être déclarée indemne en 2001. Mais des cas d'importation du virus à partir de l'Afrique du Nord se sont produits en 2004 et en 2008, sans toutefois amener de contamination humaine. Il avait cependant été procédé au traitement anti-rabique préventif de 187 personnes dans un contexte d'inquiétude grave.
– La lutte contre les vecteurs que sont les animaux domestiques, chiens et chats notamment, réside dans l'application des mesures de police sanitaire : obligation de la tenue en laisse, du port de la muselière, capture des chiens errants, abattage des chiens ayant été contaminés par un chien enragé.
– La prophylaxie médicale est réalisée chez les espèces domestiques par la vaccination : pour les chiens et les chats, deux injections de vaccin à trois semaines d'intervalle lors de la primo-vaccination suivie de rappels annuels ; ce vaccin peut être associé à d'autres vaccins canins (maladie de Carré, hépatite, leptospirose) ; pour les bovins, une seule injection annuelle d'un vaccin avec adjuvant ou associé au vaccin contre la fièvre aphteuse notamment.
L'information du public doit recommander :
– d'éviter dans les zones infectées tout contact avec des animaux domestiques de comportement suspect ou avec tout animal sauvage ;
– de ne pas importer dans une zone indemne un animal en provenance d'une zone ou d'un pays infectés ;
– de ne pas emmener dans une zone ou un pays infectés un animal familier (chien ou chat) sans l'avoir préalablement vacciné ;
– de signaler immédiatement toute morsure, griffure ou léchage ;
– de prendre à cette occasion toutes les mesures nécessaires :
1. L'animal suspect d'avoir provoqué une contamination humaine devra dans toute la mesure du possible être retrouvé. S'il est vivant, il sera soumis à une surveillance vétérinaire avec un premier examen dès que possible, un second sept jours après la morsure et un troisième au quinzième jour. Si l'animal reste vivant et bien portant au cours de cette période, le risque de contamination est écarté. Si l'animal meurt ou s'il est abattu au cours de cette période de 15 jours, sa tête ou son cadavre entier doivent être adressés d'urgence au laboratoire spécialisé.
2. Les blessures (morsures, griffures) seront le plus rapidement possible nettoyées à l'eau savonneuse et désinfectées avec un produit doué d'action rabicide (ammoniums quaternaires en particulier). Les sutures, si elles sont nécessaires, seront différées de quarante-huit heures. La prophylaxie antitétanique sera appliquée.
3. Le « traitement antirabique spécifique », avec un vaccin préparé sur cultures cellulaires, sera commencé sans délai et comportera 6 injections pratiquées aux jours 0, 3, 7, 14, et 90. Ces nouveaux vaccins ne donnent pratiquement aucune réaction ni locale ni générale. En cas de morsure grave, on administre, en même temps que la première injection de vaccin, et en une seule fois, des immunoglobulines antirabiques d'origine humaine à la dose de 20 unités internationales par kg de poids corporel.
4. Les personnes exerçant, dans les zones infectées, une profession les exposant à des risques permanents ou répétés de contamination doivent recevoir une vaccination préventive qui comportera deux ou trois injections de[...]
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Écrit par
- Pierre SUREAU : professeur, chef de l'unité de la rage à l'Institut Pasteur, Paris
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