RAÏ, musique
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Apparu dans les années 1970 en Algérie, le raï est rapidement devenu la musique populaire dominante parmi les jeunes du Maghreb. Il s'inspire de diverses sources : le rock, les musiques orientales et rurales. Son développement est indissociable de l'apparition de la cassette audio.
En France, on a coutume de désigner par le vocable raï (qui signifie, en arabe, « l'opinion ») l'ensemble des musiques algériennes populaires et électriques. Cette généralisation est abusive, car le raï, musique moderne d'Oran et de l'ouest de l'Algérie, constitue un genre à part entière, nettement distinct d'autres formes musicales algériennes, comme la chanson kabyle, illustrée par Idir ou Lounès Matoub.
Essor du raï
Parmi les diverses sources qui ont alimenté le raï, retenons le melhoun, souvent porté par des accompagnements bédouins traditionnels (tambours sur cadre, percussions guellal, flûtes droites en roseau) ; cette poésie chantée qui avait fini par subir l'influence de la musique orientale populaire égyptienne va servir de réservoir thématique principal au raï.
C'est dans un contexte d'ébullition musicale que, dans les années 1970, l'Algérien Khaled (Khaled Hadj-Brahim), un jeune chanteur et instrumentiste touche-à-tout, s'inspire des groupes pop marocains en vogue Jil Jilala et Nass El Ghiwane pour opérer la rencontre entre la tradition orientale arabophone, la musique berbère et le rock. Dans les années 1980, s'opposant aux musiques que l'on peut écouter dans le cercle familial – chaabi algérois et malouf constantinois –, le raï d'Oran va utiliser des textes parfois crus sur des orchestrations mêlant la guitare électrique, l'accordéon et la darabukka (percussion en gobelet). L'existence d'un circuit de cabarets et de discothèques à Oran et dans sa région facilite la diffusion de ce « pop raï », qui aborde des sujets souvent tabous – le sexe libre, l'alcool – et se détache de la musique traditionnelle des cheikh et des cheikhate. Le boom de la cassette audio analogique, les nombreuses occasions sociales (mariages...) et l'arrivée sur le marché d'instruments polyvalents et de prix abordable vont favoriser l'essor rapide d'une musique populaire métisse, souvent perçue comme un champ de liberté au sein d'une société largement islamisée et dominée par la caste des militaires. Les premiers synthétiseurs et claviers associés aux boîtes à rythmes permettent aux petites formations de compléter le support rythmique des percussions traditionnelles.
Le son du raï subit également l'influence du rock (les accompagnateurs sont souvent d'anciens rockers), de la soul et du reggae, cette dernière musique étant extrêmement populaire en Algérie dès la fin des année 1970. Par ailleurs, celle qui sera une des références majeures des chebs (« jeunes »), Cheikha Djenia, a beaucoup écouté la musique populaire égyptienne, celle de Farid el Atrache, notamment.
1985 est l'année de la consécration pour Khaled, qui fait sa première apparition à la télévision algérienne malgré les réticences des autorités. Dans un autre registre, Houari Benchenet, plus respectueux de la tradition, refuse l'esthétique des chebs et leur vibrato appuyé. De son côté, Bouteldja Belkacem, qui avait perpétué les airs des cheikhate mais aussi des meddahate, introduit la trompette et raconte des histoires du quotidien.
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Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore
Classification
Médias
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