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RAISON (notions de base)

Rationalité et ethnocentrisme

Une limite plus radicale encore va être tracée dans la seconde moitié du xxe siècle. Tant que la civilisation occidentale a servi de modèle plus au moins imposé au reste du monde, on n’a guère douté du caractère universel de ce qu’elle a considéré comme étant la « raison ». Si le « miracle grec » a pris place dans le monde hellénique, il semblait aller de soi qu’il s’agit d’un événement planétaire qui aurait pu surgir n’importe où ailleurs, un peu plus tôt ou un peu plus tard. Dans cette optique, l’approche rationnelle de la nature n’aurait rien d’occidental, mais constituerait un « universel » concernant l’humanité entière et auquel l’idée de progrès serait étroitement liée.

À partir de la décolonisation, cette conviction est remise en cause, et des interrogations de plus en plus fortes vont s’imposer au fil des années. Et si la raison n’était rien d’autre qu’une conception que l’Occident instrumentaliserait au détriment d'autres cultures ? Une date a marqué ce débat : celle de l’essai écrit pour l’UNESCO en 1952 par l’anthropologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009) et publié sous le titre Race et histoire. Il y dénonce l’idéologie progressiste qui aurait fait croire à notre civilisation qu’elle était en avance sur les autres cultures. Or, selon lui, « l’humanité en progrès ne ressemble guère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle à toutes celles dont la conquête lui est acquise ». Rien ne permettrait d’affirmer que la « raison » née en Occident marque une avancée décisive que l’humanité entière doit assimiler.

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Écrit par

  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires

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