RAISONNEMENT CHEZ L'ADULTE, psychologie
Le raisonnement est l'ensemble des opérations mentales qui nous permettent de distinguer le vrai du faux. On raisonne quand on s'efforce de juger si un énoncé est vrai (ou probablement vrai). On raisonne aussi quand on cherche à former une nouvelle conclusion à partir des informations à notre disposition. Le raisonnement peut prendre des formes très différentes, selon la nature des informations qu'il combine, et selon la nature des conclusions qu'il cherche à produire. L'un des grands défis de la psychologie du raisonnement est de proposer des théories unificatrices qui identifient ce que toutes les formes de raisonnement ont en commun, et, en particulier, si et comment toutes ces formes de raisonnement pourraient faire appel à des opérations mentales similaires.
Des formes de raisonnement très différentes
Les briques élémentaires du raisonnement sont les connecteurs « et », « ou », « si... alors », utilisés en complément de la négation. Un raisonnement qui utilise uniquement les connecteurs et la négation est parfois appelé « raisonnement propositionnel », par exemple : « La France ou l'Australie joueront la finale, l'Australie ne jouera pas la finale, donc la France jouera la finale. » Toujours dans les briques élémentaires du raisonnement, on trouvera les quantificateurs « tous », « aucun », « certains », qui permettent de construire les célèbres syllogismes du type : « Socrate est un homme, tous les hommes sont mortels, donc Socrate est mortel. » Historiquement, une grande partie de la psychologie du raisonnement a été consacrée à l'étude des erreurs et des biais attachés à la résolution de ces problèmes. Pour n'en donner qu'un exemple, le « biais de croyance » consiste à évaluer une conclusion sur la base de sa crédibilité propre, plutôt que sur la validité logique de l'argument qui la soutient. Considérons l'argument suivant : « Toutes les fleurs ont besoin d'eau ; les roses ont besoin d'eau ; donc, les roses sont des fleurs. » Il n'est pas immédiatement évident pour tous que l'argument est invalide, car la crédibilité propre de la conclusion biaise le jugement : on a tendance à accepter le raisonnement (à tort), puisqu'il produit une conclusion que l'on sait être vraie.
La psychologie du raisonnement se doit au moins d'expliquer comment nous utilisons les connecteurs et les quantificateurs pour construire et évaluer des conclusions nouvelles. Pourtant, le raisonnement ne s'arrête pas là. Il peut porter sur des relations qui ne sont ni des connecteurs ni des quantificateurs usuels, mais qui font l'objet d'une utilisation tout aussi formelle et systématique. Par exemple, le raisonnement « spatial » porte sur des relations du type « est à la gauche de » ou « est plus loin que », et le raisonnement « causal » porte sur des relations du type « est une cause de » ou « est une condition nécessaire pour que ».
Le raisonnement peut porter sur des conclusions de nature encore plus particulière, qui lui ouvrent des domaines plus larges encore que l'espace ou la causalité. Ainsi, le raisonnement « pratique » porte sur des actions et leurs conséquences, afin d'identifier de bonnes décisions, qui apportent les plus grands bénéfices avec la plus grande certitude. Enfin, le raisonnement « moral » porte lui aussi sur des actions et leurs conséquences, mais tente d'identifier la décision porteuse de la plus haute valeur morale, en fonction du système éthique retenu.
Il est difficile de proposer une théorie psychologique du raisonnement qui explique dans un cadre théorique unifié le raisonnement propositionnel, syllogistique, spatial, causal, pratique, moral, etc. Plusieurs approches du raisonnement ont été proposées qui s'efforcent à une telle généralité.
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Écrit par
- Jean-François BONNEFON : docteur en psychologie, directeur de recherche au CNRS
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