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RAISONNEMENT

Diversité des raisonnements

Analyse et synthèse

La relation illative peut être parcourue dans les deux sens, selon que le rapport des prémisses à la conclusion coïncide avec celui du principe et de la conséquence, ou qu'au contraire, par un renversement de l'ordre, la proposition prise comme prémisse est traitée comme une conséquence dont on cherche un principe dont elle puisse s'obtenir. Il en résulte une bipartition fondamentale des raisonnements, qui correspond à la possibilité alternative de ces deux mouvements opposés et solidaires que sont, d'une manière générale, les opérations directes ou inverses. Ces dernières on le sait, sont le plus souvent d'une exécution plus malaisée et d'un résultat moins bien déterminé que les opérations directes, et ces caractères se retrouvent dans les raisonnements inverses. La dualité des opérations directes et inverses n'est elle-même qu'une expression de l'opposition très générale entre les deux mouvements de la synthèse et de l'analyse. L'analyse (résolution, solution à rebours) est une démarche régressive, qui remonte du conditionné à la condition (de la conséquence au principe, de l'effet à la cause, du présent au passé, du composé à ses éléments, etc.) et qui est incertaine dans la mesure où un même conséquent peut dépendre d'antécédents différents. La synthèse, ainsi qu'on a pris l'habitude de désigner la démarche de sens opposé, suit l'ordre normal de dépendance, progressant de la condition au conditionné, et avec sécurité, puisque celui-ci est déterminé univoquement par celui-là.

La déduction

Le type du raisonnement direct, progressif et rigoureux, est la déduction, pour laquelle on peut reprendre la définition qu'Aristote donnait du syllogisme : « Un discours tel que, certaines choses étant posées, quelque autre chose en résulte nécessairement, par cela seul que les premières sont posées. » Pendant longtemps a régné, en effet, l'idée que toute déduction était réductible au syllogisme. Ce qui n'excluait d'ailleurs pas une certaine variété, les syllogismes se diversifiant selon les figures et les modes, selon leur forme catégorique, hypothétique, disjonctive. À l'époque moderne, lorsque la mathématique a supplanté la logique comme discipline rectrice du discours scientifique, on a souvent opposé au syllogisme, réputé stérile, la déduction de type mathématique, d'une fécondité indéfinie. Sous cette forme brutale, pareille opposition binaire n'est plus guère recevable. Non seulement parce qu'il n'est pas correct de mettre le plus élémentaire des raisonnements en comparaison avec des structures souvent beaucoup plus complexes, mais surtout parce que les développements de la logique contemporaine ont situé le syllogisme comme un cas spécial de déduction, les lois sur lesquelles repose sa légitimité figurant, parmi beaucoup d'autres, dans le catalogue de celles qu'énonce aujourd'hui les traités de logique et qui – notamment celles qui prennent la forme d'implications – servent de fondement à la déduction en général, mathématique ou autre.

L'induction

À la déduction on a coutume d'opposer l'induction. Cette division traditionnelle se justifie dans la mesure où elle recouvre celle du raisonnement direct et du raisonnement inverse. De fait, une telle inversion de sens a été très généralement reconnue par les théoriciens classiques de l'induction. Elle n'autorise pas pour autant à regarder comme équilibrée et exhaustive la division des raisonnements en déductifs et inductifs.

Depuis Aristote, qui l'a introduit, le mot d'induction s'est chargé peu à peu d'un sens nouveau. Outre la distinction, qu'Aristote connaissait, entre l'induction complète ou totalisante, qui est rigoureuse, et l'induction[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à la faculté des lettres et des sciences humaines de Toulouse

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