Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ROY RĀM MOHAN (1772-1833)

Brahmane, né dans une famille orthodoxe du Bengale, l'un des représentants les plus intéressants de ces hindous qui s'efforcèrent d'harmoniser le Dharma (la « norme » universelle, la « loi » religieuse traditionnelle) et les valeurs positives de la civilisation occidentale. Rām Mohan Roy se prépara à un emploi de fonctionnaire à la cour des souverains moghols, ce qui le conduisit à étudier dans sa jeunesse non seulement le sanskrit, mais aussi le persan, l'arabe et, plus tard, l'anglais. Divers incidents firent de lui un adversaire déterminé de l'intolérance religieuse ; ayant eu l'occasion d'assister au « sacrifice » forcé d'une veuve (qui, selon la coutume de la satī, fut brûlée vive sur le bûcher funéraire de son mari), il décida de « réformer » l'hindouisme, c'est-à-dire, dans son esprit, de le rapprocher le plus possible du christianisme, tel qu'il le voyait pratiqué par les missionnaires protestants. En 1828, il fonda le Brāhmo Samāj (Société de Dieu), sorte de club (ou d'église) où l'on se réunissait pour « louer Dieu » dans une salle nue, dépourvue d'images et d'autel. Le culte, excluant les sacrifices à accomplir et les offrandes, consistait seulement à chanter des cantiques d'inspiration monothéiste. Simultanément, le Samāj était un lieu de rencontre entre intellectuels engagés dans l'action pour la réforme de la société indienne. De ce point de vue, l'importance du Brāhmo Samāj fut considérable : c'est grâce à sa propagande que l'on finit par interdire la satī et les mariages d'enfants. Des écrivains tels que Tagore ont reconnu la dette morale qu'ils avaient contractée vis-à-vis de Roy ; à la mort de celui-ci, de nombreux autres Samāj existaient en Inde.

— Jean VARENNE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Autres références

  • BENGALI LITTÉRATURE

    • Écrit par et
    • 5 132 mots
    • 1 média
    ...narratif dans lequel Satya (ou Vishnou) représente la partie hindoue de la divinité et Pir son aspect musulman. La poésie narrative issue des cultes Nāths, apparus au xviiie siècle, synthèse du bouddhisme et du tantrisme shivaïte, met l'accent sur la pratique du hatha yoga et des pouvoirs occultes.
  • BRĀHMO SAMĀJ

    • Écrit par
    • 448 mots

    Nom donné par son fondateur à l'un des puissants courants réformateurs qui se sont manifestés depuis le début du xixe siècle au sein de l'hindouisme. De telles tendances ont toujours existé en Inde, notamment avec les prédications de Chaitanya et de Kabīr (xve s.), ou de Tukārām...

  • INDE (Arts et culture) - Langues et littératures

    • Écrit par , et
    • 10 472 mots
    • 3 médias
    ...les élites anglicisées du Bengale, berceau de l'occupation étrangère dans le pays. Inscrite dès le départ dans une optique multiculturelle, l'œuvre de Rām Mohan Roy (1772-1833) vise une synthèse entre l'Orient et l'Occident. Depuis le siècle dernier, l'Inde exerce sur l'Europe une puissante fascination...