RĀMA
Dans la liste traditionnelle des dix avatāra de Viṣṇu, le sixième, Paraçurāma, « Rāma à la hache », ouvre la série des avatāra héroïques. Il précède immédiatement l'incarnation du Grand Rāma. Fils du brāhmane Jamadagni, sa mission consista à délivrer le monde de l'oppression des guerriers kshatriya. Le roi Kārtavīrya, de la dynastie des Haihaya sur la rivière Narmadā, ayant accepté son hospitalité pour lui dérober la vache « qui trait les désirs », il le tua avec l'arme dont l'avait nanti Śiva (d'où son titre de Rāma à la hache). Ensuite, en représailles de l'assassinat de son père, Jamadagni, par le fils de ce roi, il extermina en vingt et une fois la race mâle des kshatriya, laquelle se reconstitua d'ailleurs par le mariage de leurs veuves avec des brāhmanes. Rāma accomplit encore différents exploits avant de se retirer sur le mont Mahendra pour y pratiquer une dure ascèse. Selon la tradition, il y vivrait encore. L'iconographie le représente le plus souvent brandissant une hache, mais aussi portant une épée ou même un arc avec ses flèches. Quant à sa légende, il n'est pas impossible qu'elle parte d'une base historique.
Les origines de Rāma
Au cours du dvāparayuga, le « troisième âge », qui vit s'accentuer la désagrégation du monde par l'aggravation des maux et la manifestation des vices, car il ne restait plus que la moitié du dharmaoriginel, les dieux supplièrent Viṣṇu de les débarrasser des démons. Le chef des Rāksasa, Rāvana, ayant obtenu de Brahman de n'être tué ni par un dieu ni par un démon, Viṣṇu consentit à accomplir sa septième incarnation dans Rāma ou Rāmacandra, « Rāma (aussi gracieux que) la lune ». Héros du Rāmāyaṇa, il eut une mission parallèle à celle de Krishna et qui évolua vers la divinisation, se prêtant à la formation de sectes.
La tradition rattache Rāma à la lignée royale du Soleil (Sūryavamça), dont l'empire se trouvait dans la région du Koçala et du Videha ; il appartiendrait à un temps plus reculé encore que celui de la guerre des Dix Rois chantée dans le Mahābhārata. Ses origines, mythiques, le représentent comme un « héros victorieux, pourfendeur de démons, dont le règne marque une sorte d'âge d'or ». Est-il le héros d'un mythe indoeuropéen (Pax), d'un mythe solaire (Jacobi, Ruben) ou d'un mythe de fécondité ? Sa légende, que des bardes transmirent par tradition orale en s'appuyant sur un « texte longtemps flottant » (L. Renou), avant d'être fixée par Vālmīki, le fait apparaître comme un kshatriya aux exploits chevaleresques, incarnant le respect absolu du dharma.
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Écrit par
- Marie-Simone RENOU : membre de l'École française d'Extrême-Orient, diplômée de l'École pratique des hautes études
Classification
Médias
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