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RAMI, jeu de cartes

Le rami – ou plutôt les ramis, tant les variétés en sont nombreuses – est un jeu de cartes à la popularité immense quoique discrète, d'introduction assez récente en Europe. Reposant sur le mécanisme de la combinaison alimentée par une « pioche », le rami permet à plusieurs joueurs, à partir d'une donne initiale, de constituer des assemblages par couleur et par valeur. Le premier qui a su employer toutes ses cartes dans des combinaisons validées a gagné.

La famille du rami compte de très nombreuses variantes : au rami simple s'ajoutent en effet le gin-rami, le rami contrat, le knock-rummy, le hollywood-gin, le calypso, le panguingue, le michigan, sans oublier la canasta et la samba. Ce foisonnement et la pratique habituellement familiale des ramis expliquent qu'on leur ait consacré peu d'ouvrages.

Les règles du rami simple peuvent être résumées ainsi. On utilise un jeu de 52 cartes distribuées entre deux à six joueurs. L'ordre des cartes est naturel, de l'as au roi en montant. À quatre, on donne sept cartes à chacun, puis on retourne une carte que l'on pose face visible sur la table. Le reste des cartes constitue la pioche. Chaque joueur, à tour de rôle, peut alors prendre une carte au talon ; l'emploi de cette carte dépend de sa main : il peut soit la rejeter, face visible, alimentant ainsi une pile de rebut (qui est aussi une source de pioche), soit étaler une combinaison une fois que celle-ci est achevée. Les combinaisons admises sont : le brelan (trois cartes de même valeur), le carré (quatre cartes de même valeur), la suite ou séquence (au moins trois cartes consécutives dans une même couleur). Un joueur qui a réussi à placer toutes ses cartes sur une combinaison a gagné. Les autres s'arrêtent et on compte leurs mains, en attribuant 10 points à chaque figure et leurs valeurs faciales aux cartes de points. Chaque joueur perdant doit au gagnant le nombre de points ainsi calculé. Si le vainqueur a gagné en étalant ses combinaisons sans préalable, il fait « rami » et empoche le double des points laissés dans les mains adverses.

Alors qu'il est traditionnel dans les jeux chinois, tels le mahjong, le mécanisme de la « sortie » par combinaison n'est pas très ancien en Occident. Ses premiers pas ont été observés au Mexique et au Texas à la fin du xixe siècle sous le nom de ¿con quien ? (« avec qui ? ») que les Américains déformèrent en cooncan puis en conquian. R. F. Foster est le premier à l'avoir décrit en 1897. C'est alors un jeu pour deux joueurs utilisant des cartes espagnoles. Cette origine hispanique ne renvoie pas pour autant à l'Espagne, mais on ne peut négliger le fait que c'est en espagnol que les premiers jeux de la famille du rami ont été observés : le chinchón et le panguingue sont connus depuis le début du xxe siècle. Seraient-ils venus des Philippines où une influence des jeux chinois auraient pu s'exercer ? La question reste entière.

Un peu avant la Première Guerre mondiale, une version conforme au modèle anglo-saxon à 52 cartes apparaît sous le nom de rhum ou rumm. En 1914, un certain Quinn publie à Grand Rapids un petit manuel intitulé Rules of rumm or « rhum ». C'est surtout après la guerre que le jeu se répand, désormais orthographié dans les pays de langue anglaise rummy. Vite adopté en Europe, le nom du jeu y prend des formes locales : remigio en Espagne, ramino en Italie, Rommé en Allemagne, rami en France. Parmi les nombreuses variétés apparues depuis lors, le gin-rami doit être cité. Gloire des années 1950, promue par les bridgeurs qui y avaient repéré, non sans raison, un jeu majeur, la canasta, née en Uruguay, est, elle aussi, venue du monde hispanophone. Elle est aujourd'hui un peu passée de mode.

— Thierry DEPAULIS

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

Classification

Autres références

  • JEUX DE CARTES

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    • 3 136 mots
    Les jeux de combinaison sont aujourd'hui très répandus. Le rami, dans ses nombreuses variantes, en est l'exemple type. L'arrivée de cette classe en Europe est cependant tout à fait récente, car elle ne s'est guère imposée avant 1920. La popularité mondiale du rami ne date que des années 1920-1930, et...