MAEZTU RAMIRO DE (1875-1936)

Figure représentative, avec Azorín et Baroja, de la génération de 1898, excellent diplomate, l'écrivain espagnol Maeztu joue un rôle idéologique considérable. Sa première œuvre, typique de la génération de 1898, Hacia otra España (1899), influencée par Ibsen et Nietzsche, exprime son mécontentement à l'égard de son pays et la prétendue nécessité de l'européanisation. Un long séjour à l'étranger détermine chez lui une crise spirituelle, infléchit son orientation vers le catholicisme traditionnel qui, désormais, occupe une grande place dans sa vie ; à cette évolution correspond La Crisis del humanismo (1919), qui analyse les principes d'autorité, de liberté et d'action par rapport à la guerre. Dans son œuvre maîtresse Defensa de la hispanidad (1934), il proclame l'importance du retour aux idéaux originels tels que la patrie, la foi, la langue et la culture. Il défend la tradition nationale, la mission historique de l'Empire espagnol ; il justifie avec véhémence la colonisation espagnole, s'opposant ainsi à la célèbre leyenda negra dont étaient responsables les partisans de la sauvegarde des Indiens. Selon Maeztu, l'Espagne a perdu sa valeur au xviii^e siècle en acceptant le matérialisme de l'Encyclopédie, les idées de la Révolution française et le libéralisme. Outre ces essais politiques et historiques, Maeztu publie des articles de critique littéraire qui paraissent d'abord dans la revue Acción española dont il est le fondateur, avant d'être rassemblés en un volume : Don Quijote, don Juan y la Celestina (1926). Il a fait preuve dans toutes ses activités, notamment dans le journalisme, d'un esprit combatif et passionné, peu soucieux de recherche formelle dans ses écrits, plus exalté que rigoureux dans ses argumentations. Il fut tué pendant la guerre civile.

— Sylvie LÉGER