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VALLE-INCLÁN RAMÓN DEL (1866-1936)

« Salut, riant mensonge, oiseau de lumière... »

Ses premiers récits en prose, Femeninas (1895), Epitalamio (1897), doivent beaucoup à l'influence de Maupassant, de Barbey d'Aurevilly et de D'Annunzio. Les Mémoires du marquis de Bradomín, nouveau don Juan « laid, catholique et sentimental », sont la matière de sa première grande œuvre : les quatre sonates : Sonata de otoño (1902) ; Sonata de estío (1903) ; Sonata de primavera (1904) ; Sonata de invierno (1905). Le style, cadencé, harmonieux, riche en sonorités, réussit à créer une atmosphère de sensualité enveloppante et subtile, pleine de langueur. Fleur de sainteté (Flor de santidad, 1904) et Jardin ombreux (Jardín umbrío, 1905) sont des contes ou des légendes inspirés par des motifs populaires galiciens, où affleure l'âme rêveuse et superstitieuse de la province natale de Valle-Inclán. La trilogie de La Guerre carliste a plus de sobriété et de force dramatique. On y retrouve, autour du marquis de Bradomín, des personnages chers à l'auteur : don Juan Manuel Montenegro, vieux seigneur féodal, le beau cadet Cara de Plata, le prêtre guerrier Santa Cruz, le chef de bande Miquelo Egoscué, et toute une foule de paysans, de soldats, de petites gens de Galice et de Navarre. Dans cette fresque animée, l'histoire et la fiction se mêlent habilement donnant une impression saisissante de vérité : Les Croisés du roi (Los Cruzados de la causa, 1908), La Lueur du brasier (El Resplandor de la hoguera, 1909), Comme un vol de gerfauts (Gerifaltes de antaño, 1909). Dans les derniers romans, le style est plus nerveux, plus elliptique, plus âpre, les personnages, stylisés jusqu'à la caricature, ou bien figés, comme des mannequins de cire, en des portraits grotesques. L'Arène ibérique (El Ruedo ibérico), nouvelle trilogie, offre ainsi un spectacle cinglant de la cour décadente de la reine Isabelle II : La Cour des miracles (La Corte de los Milagros, 1927) ; Vive mon maître (Viva mi dueño, 1928), Atout épée (Baza de espadas, publication posthume en 1954), tandis que Tirano Banderas (1926) raconte, sur le mode tragi-comique et dans une langue étonnante à base d'espagnol et d'américanismes, l'histoire d'un tyranneau inaugurant la galerie des dictateurs d'Amérique latine dépeints dans la littérature.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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