BIANCHI BANDINELLI RANUCCIO (1900-1975)
L’archéologue italien Ranuccio Bianchi Bandinelli, né à Sienne le 19 février 1900, enseigne l'archéologie classique, à partir de 1929, dans diverses universités, à Cagliari, à Groningue, à Pise, à Florence puis en 1957 à La Sapienza, à Rome, ville où il terminera sa vie. Cette carrière universitaire est interrompue en 1943-1944 lors de son passage à la résistance clandestine, de 1945 à 1947 par sa nomination à la Direction générale des beaux-arts, enfin en 1964 par sa retraite anticipée.
Toscan d'origine, issu d'une illustre famille de Sienne, Ranuccio Bianchi Bandinelli se consacre d'abord à l'étruscologie, à des études topographiques et archéologiques : ses recherches ultérieures seront toujours fondées sur une solide connaissance des monuments et des objets. Un gros mémoire sur le site étrusque de Chiusi lui servit de thèse en 1925 ; à ce travail succèdent les publications d'architecture et de peinture, de nombreux articles pour les Studietruschi. Sa participation aux travaux de la carte archéologique de l'Italie est importante.
Mais, sous l'influence de Benedetto Croce, philosophe et théoricien de l'art, sous celle aussi de savants allemands comme Gerhart Rodenwaldt, il sent de bonne heure la nécessité de fonder l'histoire de l'art sur une étude critique de la « forme artistique ».
Cependant il demeure concret par tempérament : se définissant comme un « archéologue historien » il s'attache autant aux documents qu'aux conclusions historiques. Fondateur de la Criticad'arte en 1935, des Quaderni per lo studio dell'archeologia en 1938, il regroupe, en 1943, ses principaux articles, de vrais mémoires, dans sa Storicità dell'arte classica, au titre significatif : au-delà de la description des œuvres, il conclut sur le goût, le style d'une époque, qu'il analyse à la lumière des conditions historiques.
C'est à partir des années 1950 que Bianchi Bandinelli s'intéresse avec prédilection aux crises politiques, morales et sociales, artistiques aussi, qui secouèrent l'Empire romain au iiie siècle de notre ère et au cours des siècles suivants. Il aborde ce problème par un travail magistral, paru en 1955, où prévaut l'étude « philologique » des documents, Hellenistic-Byzantine Miniatures of the Riad : il interprète un manuscrit illustré, l'Iliade ambrosienne, comme une compilation d'images exécutées vers 500 dont certaines se rattachent à la tradition hellénistique, d'autres procèdent de l'art romain, d'autres enfin annoncent le premier âge byzantin.
Archeologia e Cultura, paru en 1961, est aussi un recueil de gros articles. Le premier, qui donne son nom au livre, est, en quelque sorte, un manifeste en faveur d'une analyse de type marxiste, très raffinée, qui fait place à toutes les données de l'histoire et de la sociologie. Bianchi Bandinelli prône une culture moderne qui engloberait la connaissance de l'Antiquité, sauverait les méthodes de recherche élaborées par la culture traditionnelle et, par-delà toutes les techniques, aboutirait à un nouvel humanisme.
Préoccupé de faciliter l'étude du monde classique aux nouvelles générations, qui vivent dans des conditions sociales transformées, il donne une grande part de son temps à la direction de l'Enciclopedia dell'arte classica e orientale (sept volumes parus de 1958 à 1967). Il fonde et anime, à partir de 1967, avec de jeunes archéologues les Dialoghi di archeologia, vifs parfois, toujours vivants et enrichissants, qui suscitent des tables rondes et des colloques.
En France, Bianchi Bandinelli va publier entre 1969 et 1973 trois volumes de synthèse chez Gallimard, dans la collection de L'Univers des formes : Les Étrusques et l'Italie avant Rome (avec Antonio Giuliano) ; Rome, le centre du pouvoir, et Rome,[...]
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Écrit par
- Pierre DEMARGNE : professeur honoraire à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Institut
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