SALAN RAOUL (1899-1984)
La carrière mouvementée du général Raoul Salan, né le 10 juin 1899 à Roquecourbe (Tarn), a été étroitement liée aux conflits de la décolonisation. Il entre à Saint-Cyr en 1917. Aspirant en 1918, il prend part aux derniers combats de la Première Guerre mondiale dans les troupes coloniales. Il est blessé au Levant en 1921 puis envoyé, en 1924, en Indochine où il fera, pendant treize ans, de nombreux séjours.
En 1937, le capitaine Salan entre au service de renseignement impérial et en prend la direction. En 1940, il prend part à la campagne de France, puis revient au renseignement à Vichy et dirige, en 1942, le deuxième bureau de l'Afrique-Occidentale française à Dakar. Colonel en 1943, à Alger, il est chargé de l'action psychologique.
Le général de Lattre de Tassigny, commandant la 1re armée française qui va débarquer en Provence, le prend auprès de lui. À quarante-six ans, Raoul Salan est général de brigade et commande en février 1945 la 14e division d'infanterie sur le front d'Alsace. Sa connaissance de l'Extrême-Orient lui vaut la même année d'être chargé, avec le titre de commandant des troupes françaises au Tonkin et en Chine, de négocier avec Tchang Kaï-chek le retrait des troupes chinoises du Tonkin. En 1948, il est commandant supérieur des troupes françaises en Extrême-Orient. De Lattre, lorsqu'il arrive en Indochine pour redresser une situation compromise, le prend comme adjoint opérationnel. En 1951, Raoul Salan exerce les fonctions de commissaire par intérim de la République au Nord-Vietnam. À la mort de De Lattre, en 1952, il lui succède comme commandant en chef des trois armes en Indochine. Son habileté, alliée à sa connaissance du pays, lui permet de contenir l'adversaire et de préserver l'essentiel. Il rentre à Paris en 1953 et devient inspecteur général de la défense en surface : un poste d'attente. Le gouvernement, au début de 1954, le charge, avec le général Ely, chef d'état-major général des forces armées, et un aviateur, le général Pélissié, d'une mission au Vietnam. Les conclusions de leur rapport, publiées dans la presse, feront grand bruit.
Le pouvoir aura de nouveau recours au général Salan, dont les convictions républicaines sont connues, pour prendre, en novembre 1956, le commandement en Algérie. Les milieux « ultras » de l'Algérie française voient en lui l'exécutant d'une politique d'abandon. Le 16 janvier 1957, deux obus de bazooka tuent, dans le bureau du commandant en chef, un de ses adjoints, le commandant Rodier. Cependant, le général Salan ne cesse de signaler au gouvernement le mécontentement croissant de l'armée. Il couvre de son autorité le bombardement de Sakiet Sidi Youcef, en territoire tunisien, qui provoquera une crise internationale. Le 13 mai 1958, la foule algéroise envahit le siège du gouvernement général. Le général Salan est la plus haute autorité en Algérie : le gouvernement de Félix Gaillard a été renversé. Le général s'efforce d'abord de maintenir les liens avec la métropole. Il est nommé par Paris délégué général du gouvernement. Mais il se trouve bientôt à la fois le représentant d'un pouvoir affaibli et de ceux qui, dans l'armée et la population européenne, s'opposent à lui.
Après avoir fait vainement pression sur Paris pour écarter Pierre Pflimlin de la présidence du conseil, il lance un appel public au général de Gaulle, rallie la Corse au mouvement et prépare le ralliement de la métropole.
Le général de Gaulle revenu au pouvoir, le général Salan, resté délégué général, poursuit la politique d'intégration de l'Algérie à la France. De Gaulle l'écarte bientôt : en décembre 1958, il le nomme inspecteur général de la Défense nationale, puis gouverneur militaire de Paris. En juin 1960, Salan atteint l'âge de la retraite. Il choisit de se retirer à[...]
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Écrit par
- Jean PLANCHAIS
: rédacteur en chef adjoint au journal
Le Monde
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