- 1. Les origines du hip-hop
- 2. Le premier âge d’or du rap
- 3. Le raz-de-marée gangsta
- 4. East Coast versus West Coast
- 5. Wu-Tang Clan, le renouveau new-yorkais
- 6. Le rap sudiste
- 7. The Roots et the Soulquarians
- 8. Le cas Eminem
- 9. Le rap nord-américain des années 2010
- 10. Le rap français
- 11. Bibliographie
RAP, musique
Le rap français
En France, la culture hip-hop a très tôt fait des émules. Dès le début des années 1980 apparaissent les premiers morceaux rappés en français, le plus improbable étant sans doute celui du chanteur de variétés Phil Barney qui, avec le générique de son émission radio « Salut les salauds » sur Carbone 14, signe un des tout premiers exemples du genre. Le duo Chagrin d’amour (Valli et Grégory Ken) sort en 1981 « Chacun fait (c’qui lui plaît) » sur une musique de Gérard Presgurvic, compositeur de Patrick Bruel. Sur Radio Nova, le DJ Dee Nasty, parrain du mouvement rap en France, accompagné de son MC Lionel D, invite de jeunes artistes à s’exprimer en free-style (improvisations au micro témoignant de leur virtuosité linguistique). L’année 1984 voit naître en France la première émission de télévision sur la culture hip-hop. Sidney, un animateur radio noir (une première à la télévision française) présente Hip Hop – surnommée « Achipé Achopé » – en rappant et en dispensant des leçons de danse. Parmi ses invités, le graffeur Futura 2000, les musiciens Afrika Bambaataa, Herbie Hancock et une Madonna débutante venue interpréter son single « Holiday ». Dans le public, on peut reconnaître le jeune JoeyStarr et quelques autres futurs rappeurs.
En 1986, durant quelques mois, les amateurs de hip-hop se retrouvent dans un endroit devenu mythique, le terrain vague de La Chapelle, dans le nord de Paris. Dee Nasty y organise des block parties où se produisent des danseurs, des rappeurs et des graffeurs. NTM y fera référence en 1995 dans son morceau nostalgique « Tout n’est pas si facile » de l’album Paris sous les bombes. La même année sort chez Barclay le 45-tours de Destroy Man & Jhonygo (« On l’balance », « Égoïste »), avec la participation de Dee Nasty. En 1990 paraît Rapattitude, la première compilation de rap qui consacre l’entrée du genre dans le paysage musical français. On y retrouve NTM avec « Je rap », Assassin avec « La formule secrète », EJM avec « Élément dangereux » et Dee Nasty avec « Funk a Size », mais aussi des artistes de reggae dancehall comme Daddy Yod (« Rock en zonzon ») et Tonton David, dont le single « Peuples du monde » bénéficie d’un clip réalisé par Mathieu Kassovitz. Cette première vague du rap français émerge donc dans les années 1990, avec en tête de file deux groupes à trois lettres que tout semble opposer : NTM (acronyme de Nique Ta Mère) et IAM (pour Imperial Asiatic Men). Les premiers sont de Saint-Denis dans le « 9-3 », les seconds de la « planète Mars » (pour Marseille). Les uns sont les bad boys et les autres le « groupe conscient », futile division pour deux groupes talentueux. MC Solaar, signé sur le label Polydor, offre son premier tube au rap français avec « Bouge de là », un single frais et malin produit par Jimmy Jay qui est programmé sur plusieurs radios FM. Le groupe Assassin développe quant à lui un discours militant qui culmine avec l’album L’Homicide volontaire, disque d’or en 1995. Sur M6, l’émission Rapline propose, de 1990 à 1993, des clips originaux et artisanaux de rap français ainsi que des interviews et des vidéos sous-titrées de rappeurs américains.
Le mouvement rencontre une certaine résistance médiatique, assimilable à un mépris de classe, et se trouve de fait banni des ondes. Le changement de format de la radio Skyrock, au milieu des années 1990, offre une bouffée d’oxygène au rap français en diffusant massivement des artistes comme IAM, NTM, Doc Gynéco, Fonky Family, Diam’s, aidant ceux-ci à atteindre des chiffres de vente importants (le million pour L’École du micro d’argent d’IAM, Première Consultation de Doc Gynéco et Dans ma bulle de Diam’s). La radio FM est toutefois critiquée de manière très virulente pour son formatage par des groupes tels que La Rumeur.[...]
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Écrit par
- Olivier CACHIN : journaliste
Classification
Médias
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