- 1. Les origines du hip-hop
- 2. Le premier âge d’or du rap
- 3. Le raz-de-marée gangsta
- 4. East Coast versus West Coast
- 5. Wu-Tang Clan, le renouveau new-yorkais
- 6. Le rap sudiste
- 7. The Roots et the Soulquarians
- 8. Le cas Eminem
- 9. Le rap nord-américain des années 2010
- 10. Le rap français
- 11. Bibliographie
RAP, musique
Le premier âge d’or du rap
On compte parmi les premières stars du rap des artistes comme Kurtis Blow (auteur de « Christmas Rapping », sorti à quelques jours d’intervalle avec « Rapper’s Delight »), le groupe Cold Crush Brothers, les Furious Five (cinq rappeurs qui accompagnent Grandmaster Flash) ou encore Funky Four + One (qui comprend une rappeuse). Leurs points communs sont des textes anecdotiques surtout conçus pour donner envie de danser. En effet, à ses débuts, le rap n’est pas une musique militante ou politique mais qui se veut essentiellement festive.
Le tournant s’opère en 1982 avec « The Message », signé Grandmaster Flash & The Furious Five, récit apocalyptique d’un quartier rongé par la drogue et la violence. Ce titre rappé par Melle Mel et Duke Bootee lance ce que l’on va appeler le « rap conscient ». Il raconte la misère et la répression accrue qui vont marquer les années Reagan, sous la présidence duquel les ghettos noirs voient leur situation empirer, notamment avec l’arrivée du crack, dérivé dévastateur et extrêmement addictif de la cocaïne. L’année 1982 est également celle de la sortie de « Planet Rock », signé Afrika Bambaataa & The Soulsonic Force et produit par Arthur Baker (à qui l’on doit notamment le titre « Blue Monday » de New Order). Avec le sample d’un extrait de « Trans-Europe Express », conçu en 1977 par le groupe pionnier de musique électronique Kraftwerk, « Planet Rock » annonce la révolution électro. Le rap, qui utilisait les rythmiques de James Brown et les échantillons de groupes de funk et de soul, va progressivement adopter un style plus synthétique, une évolution qui accompagne celle de la technique et l’utilisation progressive des ordinateurs. En effet, les échantillonneurs de sons (ou samplers) et les boîtes à rythmes permettent toutes les audaces. Ils ouvrent également l’accès de la production à des DJ qui n’ont pas de maîtrise technique de la musique et du solfège mais possèdent un instinct et une parfaite connaissance des disques qu’ils recyclent pour fabriquer de nouveaux sons.
En 1984, Rick Rubin, un étudiant blanc fan de hard rock et de rap, et Russell Simmons, promoteur noir de rap et manager de Kurtis Blow, fondent le label Def Jam, une structure indépendante qui va lancer des artistes majeurs tels que les Beastie Boys, le premier groupe blanc du hip-hop, et Public Enemy, artisan d’un rap politisé et volontiers polémique. La première star de Def Jam est le jeune LL Cool J. Il n’a que seize ans quand sort son premier titre, « I Need a Beat », et montre avec le tube radio « I Need Love » que le rap peut être aussi une musique « romantique ». Le hip-hop connaît alors une période très féconde. Run-DMC revient aux racines du genre avec des arrangements bruts et une rythmique plus emphatique, ajoutant des guitares rock aux beats. Le premier album, éponyme, du groupe sort en 1984. Sur RaisingHell, leur plus gros succès commercial, on trouve le titre « Walk This Way », tube de l’année 1986 écrit en collaboration avec le groupe de rock Aerosmith. Parallèlement, le duo new-yorkais Eric B. & Rakim annonce le gangsta rap avec des textes radicaux et des rythmiques hypnotiques sur un tempo ralenti. Leur album Paidin Full (1987) est devenu un classique. Enfin, avec ses trois premiers albums, Yo! Bum Rush the Show, It Takesa Nation of Millions to Hold Us Back et Fear of a Black Planet, sortis respectivement en 1987, 1988 et 1990, Public Enemy innove : le son du groupe, un mille-feuille de samples empilés pour créer un mur de son « rapologique », parallèle à celui que créa Phil Spector dans la pop music, est l’œuvre du collectif The Bomb Squad. Les paroles, ou lyrics, de Chuck D sont celles d’un tribun qui défend le Black Power et la Nation of Islam, sulfureuse organisation dirigée par le très controversé Louis Farrakhan, un des instigateurs[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Olivier CACHIN : journaliste
Classification
Médias
Autres références
-
BEASTIE BOYS
- Écrit par Carol L. COOPER et Encyclopædia Universalis
- 812 mots
Les Beastie Boys, groupe de hip-hop américain, furent les premiers rappeurs blancs à attirer un public conséquent. Avec la sortie de leur premier album, Licensed to Ill, en 1986, le hip-hop s'ouvre au public blanc et connaît dès lors un essor considérable. Cultivant l'art du décalage et de la dérision,...
-
CHANSON FRANÇAISE
- Écrit par Hélène HAZERA
- 5 010 mots
- 8 médias
...l'introduction du jazz dans la chanson française des années 1930 allait régénérer l'écriture de celle-ci. On ne peut pas plus deviner que l'importation du rap américain va ramener le sens dans la chanson. En même temps qu'une loi de quotas pour les radios est votée – au Québec, elle a sauvé l'expression... -
DEF JAM RECORDS
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Charlie GILLETT
- 207 mots
Propriétaires de Rush Management, Rick Rubin et Russell Simmons ont parmi leurs clients plusieurs groupes pionniers du hip-hop, tel Run-DMC. En 1984, ils abandonnent leurs fonctions de manager pour fonder leur propre label, Def Jam, et signent rapidement un contrat de distribution avec la firme Columbia...
-
DJ (disc-jockey)
- Écrit par Raphaël RICHARD
- 3 611 mots
- 3 médias
...ces extraits très rythmés. De plus, il commence à acheter ses disques en double pour pouvoir répéter ces passages en passant d'une platine à l'autre. Ce procédé, qui consiste à mettre en boucle un extrait d’un morceau, constitue la base du rap. Un an plus tard, le Jamaïcain joue dans tous les clubs du... - Afficher les 16 références