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RAPHAËL (1483-1520)

Raphaël a longtemps été considéré comme le plus grand peintre qui ait jamais existé, et on le tient toujours pour l'artiste en qui la peinture aurait trouvé son expression achevée. Ce mythe de Raphaël apparaît du vivant de l'artiste, et sa mort précoce, mettant fin brutalement à une activité marquée par la précocité, lui donne une singulière ampleur. Après trois siècles, la gloire de Raphaël s'estompe avec l'entrée en scène de tendances critiques et artistiques nouvelles, représentées notamment par les impressionnistes et les fauves. En effet, tous les peintres qui s'expriment par la couleur plutôt que par la forme (c'est-à-dire par le dessin abstrait qui délimite nettement les contours) sont opposés à Raphaël. Sa couleur n'est pas constructive ; la lumière n'a pas la fonction essentielle qu'elle occupe pour Léonard de Vinci, qui aime tout réduire en ombre et lumière ; dans la peinture de Raphaël, la lumière, comme la couleur, ne lie pas la composition et il n'y a pas une véritable atmosphère, ni un paysage qui soit inséparable des figures.

On pourrait reprocher à Raphaël de faire de trop nombreux emprunts à ses contemporains, mais son art ne résulte pas seulement de l'étude des grands maîtres de son temps et le renouveau des études raphaëlesques atteste la vitalité inépuisable de son art.

Les premières œuvres

Joseph interprète les songes de Pharaon, Raphaël - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Joseph interprète les songes de Pharaon, Raphaël

Il n'y a rien dans la vie de Raphaël qui puisse alimenter les rubriques du romanesque ou de la fantaisie. Né à Urbin, il est le fils du peintre Giovanni di Sante di Piero (d'où le patronyme Sanzio). Après une brève période d'activité en Ombrie, il se rend à Florence, où il entre en contact avec les plus grands artistes de l'époque. Puis il va à Rome, qui devait jouer au xvie siècle le rôle de capitale de l'art italien ; il y séjourne jusqu'à sa mort. Preuve d'une renommée déjà considérable, il inaugure sa période romaine par la décoration des stanze du Vatican. Les commandes affluent, et le peintre, surchargé de travail, se voit contraint de faire appel de façon croissante à des collaborateurs, ce qui ne manque pas d'influer fâcheusement sur la qualité de son style. Quand il mourut, ce fut comme si, avec Raphaël, l'art tout entier disparaissait.

C'est en Ombrie et dans les Marches que Raphaël fait son apprentissage, et l'influence ombrienne est restée chez lui prédominante. L'œuvre la plus importante de cette première période est le Couronnement de la Vierge (pinacothèque du Vatican) réalisé en 1502-1503. Selon une structure que l'on retrouve fréquemment par la suite, le tableau est divisé en une scène céleste et une scène terrestre. Dans la partie inférieure, autour de la tombe vide figurée de biais comme pour donner plus de profondeur au tableau, les Apôtres sont représentés dans des attitudes mystiques ; dans le haut, conformément aux canons ombriens, la Vierge et le Christ, disposés symétriquement, sont entourés des figures symétriques d'anges musiciens placés au-dessus de nuages légers et moelleux. L'espace, sommairement indiqué par la position oblique du sarcophage, est rendu en revanche avec plénitude dans les lointains aériens de l'Annonciation de la prédelle, ainsi que dans la Présentation au Temple, autre scène de la même prédelle.

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Écrit par

  • : chargé de cours d'histoire de l'art médiéval et moderne à l'université de Rome

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Joseph interprète les songes de Pharaon, Raphaël - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Joseph interprète les songes de Pharaon, Raphaël

Saint Georges, Raphaël - crédits : 	brandstaetter images/ Imagno/ Getty Images

Saint Georges, Raphaël

La Madone Conestabile, Raphaël - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

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