RAPHAËL (1483-1520)
Raphaël peintre de Madones
Plus que la décoration des stanze et que ses fresques, ce sont les Vierge qui constituent l'élément le plus vivant de la popularité de Raphaël et la source la plus sûre de l'admiration qu'il suscite. Au cours de sa période florentine, Raphaël assimile dans la peinture de ses Madones tout ce qu'il peut apprendre de Léonard, de Michel-Ange et de Fra Bartolomeo. La première de cette époque est la Madone Ansidei, de 1505 (National Gallery, Londres). La très célèbre Madone du grand-duc (Pitti, Florence), qui ne porte aucune mention de date, se découpe, de façon inhabituelle, sur un fond uni (uniformité exceptionnelle qui est peut-être le fait de travaux de restauration). En 1506, Raphaël peint la Madone du belvédère (Kunsthistorisches Museum, Vienne), en 1507 La Belle Jardinière (musée du Louvre, Paris) et en 1508 la Grande Madone Cowper du musée de Washington. La Madone du belvédère (ou del prato) comporte un fond inspiré de Léonard, paysage étiré sur la rive d'un lac brumeux, identifié au lac de Trasimène, souvenir ombrien glissé dans l'activité florentine de Raphaël. La manière de Léonard réapparaît dans la composition pyramidale. La Belle Jardinière reprend le même thème, en introduisant quelques variantes dans la disposition des personnages. Vers 1506, Raphaël peint la Madone au chardonneret, de la galerie des Offices, caractérisée par la même structure pyramidale ; on retrouve un fond avec un lac baignant dans une lumière voilée ; les fins arbustes stylisés et délicatement calligraphiés qui se profilent contre le ciel sont traités à la manière de Pérugin. Avec ces trois Madones, Raphaël atteint à une expression parfaite de la beauté féminine ; les visages d'un pur ovale encadrés de chevelures blondes rappellent le modèle incomparable de la Madone du grand-duc. C'est l'aboutissement suprême de l'évolution des visages peints par Pérugin et, plus immédiatement, des personnages féminins du Mariage de la Vierge.
Avant sa période romaine, Raphaël n'exécute que la fresque de l'église du monastère de San Severo à Pérouse, représentant la Trinité et les saints. Si l'on retient l'inscription portant la date de 1505, c'est dès cette année que l'artiste adopte pour la figuration de la scène céleste la structure en demi-cercle que l'on retrouve dans la Dispute du Saint-Sacrement et que Fra Bartolomeo avait déjà employée dans le Jugement dernier commencé en 1499 et terminé par Albertinelli en 1501 (musée de Saint-Marc, Florence). Il est possible que Raphaël ait vu cette peinture au début de son séjour florentin (1504).
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Écrit par
- Vincenzo GOLZIO : chargé de cours d'histoire de l'art médiéval et moderne à l'université de Rome
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Médias
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