GIEC (4e RAPPORT D'ÉVALUATION DU)
Après six ans de travail auquel ont participé quelque deux mille cinq cents scientifiques du monde entier, le GIEC, Groupement intergouvernemental sur l'évolution du climat (en anglais IPCC pour Intergovernmental Panel on Climate Change), a remis son quatrième rapport d'évaluation en 2007. Cet organisme, dont le rôle est « d'évaluer l'information scientifique, technique et socio-économique pertinente pour comprendre le risque du changement climatique d'origine humaine », s'est aussi vu attribuer, cette même année, le prix Nobel de la paix, conjointement avec l'ancien vice-président américain Al Gore.
Références pour le travail des scientifiques et les décisions des gouvernements du monde entier, les rapports d’évaluation du GIEC compilent les travaux de trois groupes de travail. Pour le quatrième rapport, les conclusions de ces groupes de travail ont été présentées lors de trois conférences échelonnées au cours de l'année 2007.
Le groupe I, chargé de l'évaluation du changement climatique et de l'appréciation du rôle qu'y joue l'homme, a remis ses conclusions à Paris (29 janvier-3 février). Il confirme l'accélération du réchauffement sous l'impact des activités humaines. D'ici à 2100, l'augmentation de la température terrestre moyenne serait comprise entre 1,8 0C et 4 0C. Ces augmentations pourraient être plus élevées dans les régions polaires (jusqu'à 6,4 0C au lieu de 5,1 0C prévus en 2001). Les précipitations seraient plus importantes sous les hautes latitudes et se réduiraient dans les zones subtropicales (— 20 p. 100 d'ici à 2100). Il faut également s'attendre à une augmentation de la fréquence des canicules et vagues de chaleur en zone tempérée, avec des périodes de sécheresse plus longues et plus intenses dans les régions tropicales et subtropicales.
Le groupe II, en charge de la prospective des « conséquences, adaptations et vulnérabilités », a présenté ses conclusions à Bruxelles (2-5 avril), délivrant les lourdes inquiétudes provoquées par les risques avérés concernant la montée de l'océan mondial (3 millimètres par an), la multiplication des inondations, les risques de sécheresse accrus dans les régions déjà touchées par les pénuries en eau, l'instabilité des sols en montagne, la fonte du permafrost, les modifications des aires de répartition et des dates de floraison de la végétation, l'extension de maladies comme le paludisme.
Le groupe III, chargé de proposer des mesures de limitation d'émission des gaz à effet de serre (GES) et d'atténuation des changements climatiques, s'est réuni à Bangkok (30 avril-3 mai). Donnant aux décideurs les différentes options de réduction des GES, il en a précisé les coûts et suggéré les conditions de mise en œuvre ainsi que les bénéfices attendus des décisions possibles dans différents secteurs des activités humaines. Les mesures prises (modification de l'usage des sols, protection des écosystèmes et des infrastructures) sont notoirement insuffisantes, alors que l'inertie de la machinerie climatique devrait imposer l'adoption immédiate de mesures telles que la protection des zones industrielles exposées à la montée des eaux et la reforestation de millions d'hectares.
La synthèse de tous ces travaux a été présentée à Valence (Espagne), du 12 au 16 novembre 2007. Sont proposées des évaluations plus fines sur les différents aspects régionaux du changement climatique. À partir du constat de l'inégalité de la menace – les habitants des pays en développement et des pays émergents seront les plus exposés –, l'accent est mis sur l'impérieuse nécessité d'accélérer les efforts de recherche et les investissements coordonnés internationalement, afin notamment de prévenir la montée inexorable de l'océan mondial ainsi[...]
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Écrit par
- Jean-Paul DELÉAGE : historien des sciences, professeur émérite de l'université d'Orléans
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