GIEC (6e RAPPORT D'ÉVALUATION DU)
Créé en 1988, le GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publie régulièrement des rapports faisant la synthèse des connaissances scientifiques sur le changement climatique, les risques associés, des moyens de s’y adapter et de l’atténuer. Pour son sixième exercice (ou sixième cycle d’évaluation), il a livré non pas trois rapports comme de coutume, mais six. Ainsi, en plus des rapports de chacun des trois groupes de travail – groupe I, chargé des aspects scientifiques du changement climatique ; groupe II, étudiant ses conséquences et l’adaptation ; groupe III, se concentrant sur l’atténuation du changement climatique –, parus respectivement en août 2021, février et avril 2022, trois rapports spéciaux et transverses ont été publiés antérieurement. Ceux-ci traitent, respectivement, des effets d’un réchauffement à 1,5 0C et des moyens pour le contenir à ce niveau (oct. 2018), des interactions entre les terres, leur exploitation et le changement climatique (août 2019) et des interactions entre celui-ci et les océans et la cryosphère (sept. 2019). Le GIEC a également révisé (mai 2019) le rapport méthodologique de 2006 concernant les lignes directrices pour les inventaires nationaux des gaz à effet de serre.
Les rapports des trois groupes de travail, assortis d’un rapport de synthèse (2023), constituent le sixième rapport d’évaluation du GIEC.
Un réchauffement indéniable de la planète
Au fil des rapports du GIEC (dont le premier est paru en 1990), deux certitudes sont désormais établies : le climat se réchauffe depuis 1850, et il s’agit là d’une conséquence des activités humaines. Le réchauffement mondial moyen, pour la décennie 2010, est évalué à 1,1 0C par rapport à la période 1850-1900. Les experts indiquent qu’il est sans précédent depuis des milliers d’années. Il est provoqué par l’accumulation croissante de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, tout particulièrement le dioxyde de carbone ou CO2 (dont la concentration a augmenté de 47 % depuis 1750), le méthane ou CH4 (+156 %) et le protoxyde d’azote ou N2O (+23 %). Ces gaz ont pour origine principale l’extraction et l’usage de combustibles fossiles (charbon, gaz naturel, pétrole) utilisés pour produire de l’énergie, ainsi que l’agriculture (au travers de la déforestation, de l’élevage et de certaines pratiques comme l’épandage de fertilisants azotés). Les systèmes alimentaires (désignant les différentes étapes de production, circulation, transformation et consommation de la nourriture) à eux seuls contribuent pour 25 à 30 % aux émissions mondiales de GES, et les 25 % de pertes et gaspillages des aliments produits représentent 8 à 10 % des émissions. La concentration en CO2 de l’atmosphère a dépassé les 400 parties par million (ppm), valeur qui n’a pas été aussi élevée depuis le Pliocène (il y a près de 3 millions d’années). Environ un tiers du réchauffement induit par les émissions de GES depuis le début de l’ère industrielle est aujourd’hui masqué par la présence de particules de pollution (dont les aérosols sulfatés) qui, en intervenant notamment sur les propriétés des nuages, limitent ce réchauffement. Sur cette période, les phénomènes naturels agissant sur le climat (variation de l’intensité solaire, volcanisme, échange d’énergie entre océan et atmosphère) expliquent seulement des variations d’une année sur l’autre de la température globale, mais n’affectent en rien la tendance au réchauffement mondial.
Ce réchauffement n’est pas uniforme, il est par exemple plus élevé sur les terres émergées. Les humains, à l’instar des espèces végétales et animales vivant sur ces terres, subissent déjà un réchauffement supérieur à 1,6 0C.
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Écrit par
- Nathalie de NOBLET-DUCOUDRÉ : directrice de recherche au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LCSE), Gif-sur-Yvette
- Sophie SZOPA : directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique (CEA)
Classification
Médias