GIEC (6e RAPPORT D'ÉVALUATION DU)
Quelles observations du changement climatique et de ses effets ?
Le changement climatique en cours ne se manifeste pas seulement par une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre, mais également par d’autres phénomènes observables et mesurables dans l’atmosphère, sur les continents comme dans les océans, et la cryosphère – ensemble constitué par les glaces présentes à la surface du globe terrestre). Toutes les régions du monde sont affectées.
On observe par exemple un recul généralisé de la plupart des glaciers du monde, qui est inédit depuis plus de deux mille ans. Ainsi, l’Islande, en 2014, a vu disparaître le glacier Okjökull et, en 2022, l’Italie a assisté à l’effondrement partiel du glacier de la Marmolada, qui a provoqué au moins onze morts. La durée de la saison pendant laquelle l’Océan arctique est recouvert de banquise a diminué d’une façon inédite depuis mille ans, menaçant de nombreux animaux polaires et plus généralement des écosystèmes spécifiques à cette région. La diminution de la couverture neigeuse dans les stations de montagne et une fonte souvent plus précoce de la neige au printemps entraînent, outre des problèmes pour l’industrie touristique, un changement important de la saison à laquelle l’eau est disponible dans les rivières pour les centrales hydroélectriques comme pour l’irrigation de l’agriculture.
Les rapports des groupes I et II du GIEC, ainsi que le rapport spécial intitulé L’Océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique, montrent que l’accumulation de chaleur dans les océans est sans précédent depuis dix-huit mille ans, menaçant la survie de nombreuses espèces marines qui, quand elles le peuvent, migrent vers des régions ou des profondeurs plus propices à leurs besoins. La dissolution de CO2 dans les océans entraîne une acidification inhabituelle, qui n’a pas été atteinte depuis plus de 2 millions d’années, et qui affecte particulièrement les organismes dotés de squelettes ou de coquilles calcaires, comme les coraux ou les mollusques. C’est une mauvaise nouvelle pour les producteurs d’huîtres et de moules, mais aussi pour l’ensemble de la chaîne alimentaire océanique. C’est également une perte de protection des littoraux face aux risques de submersions dans les zones coralliennes. Le niveau des mers a monté de 20 centimètres depuis 1901, entraînant déjà la disparition de zones littorales. Cette hausse du niveau marin est la plus rapide enregistrée au cours des trois mille dernières années.
L’augmentation des températures modifie le calendrier saisonnier de la plupart des espèces végétales et animales, comme indiqué dans le rapport spécial du GIEC intitulé Changement climatique et terres émergées. Les dates de floraison des fruitiers, par exemple, sont souvent plus précoces et apportent leur lot de nouveaux risques, comme celui des gels dits tardifs. En avril 2021, plusieurs vignobles français ont souffert de ces gels et les viticulteurs ont dû déployer des trésors d’imagination pour limiter les dégâts. Les animaux sortent plus tôt d’hibernation ou modifient leurs dates de migration, mais leurs proies elles aussi ont un nouveau rythme, qui n’est pas toujours synchrone, et la chaîne alimentaire peut s’en trouver perturbée. On observe un verdissement des zones polaires et d’altitude. L’augmentation de la concentration en CO2 de l’atmosphère et le réchauffement permettent en effet à de nombreuses plantes et à certains arbres de s’installer dans ces régions. Ailleurs, le printemps démarre plus tôt et l’automne, qui fait tomber les feuilles des arbres, arrive plus tard, ce qui permet à la végétation naturelle d’allonger sa saison de croissance. L’avantage est double pour le climat : une saison plus longue pendant laquelle la végétation prélève du CO2 de l’atmosphère par photosynthèse, et[...]
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Écrit par
- Nathalie de NOBLET-DUCOUDRÉ : directrice de recherche au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LCSE), Gif-sur-Yvette
- Sophie SZOPA : directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique (CEA)
Classification
Médias