RASHĪD AL-DĪN (1247-1318)
Conseiller et historien des Īlkhān, les souverains mongols d'Iran aux xiiie et xive siècles, Rashīd al-Dīn est issu d'une famille de médecins juifs d'Hamadan et converti à l'islam orthodoxe ; médecin de la cour mongole, représentant de l'élite cultivée iranienne, il devient, en fait sinon en titre, ministre du souverain le plus brillant de la dynastie, Ghazān-khān, dont le règne se situe entre 1295 et 1304. Rashīd al-Dīn aide admirablement Ghazān dans son œuvre, avortée faute de temps, de restauration de l'autorité, de réorganisation de l'administration, du commerce, de l'agriculture et de la moralité publique. Sous le successeur de Ghazān, Öldjeytü (ou Üldjāytū), dont le règne dure de 1304 à 1316, et qui est gagné à l'hétérodoxie shī‘ite et se montre peu intéressé par les réformes politiques, l'influence de Rashīd al-Dīn décroît. Il tombe en disgrâce à l'avènement en 1316 d'Abū-Sa‘īd, le dernier souverain réel de la dynastie, et est exécuté à Tabrīz en 1318. Il laissait une « histoire universelle », le al-Tawārīkh (« Recueil des chroniques »), qui prend rang parmi les chefs-d'œuvre de la littérature historique mondiale. Par ce monument unique en son genre, on plonge au cœur de la société mongole que Rashīd al-Dīn a côtoyée et connue de si près : l'on est ainsi instruit de rivalités intestines qui l'ont déchirée et conduite à sa perte, et l'on voit jouer les rapports complexes de domination et d'alliance qui l'ont, tour à tour, opposée et liée au monde iranien et à l'Islam.
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Écrit par
- Françoise AUBIN : directeur de recherche au C.N.R.S. et à la Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I)
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Média