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TATA RATAN (1937-2024)

Article modifié le

Un constructeur automobile puissant

Élément de rupture par rapport à la logique de la génération précédente où les coopérations étaient la règle de conduite, Ratan préfère les acquisitions. En déboursant 1,47 milliard d'euros, Tata Group devient un constructeur automobile d'envergure mondiale, huit ans seulement après avoir assemblé sa première voiture, l'Indica, une cinq portes « à l'européenne » que la marque a épaulée dès 2006 par des Fiat fabriquées sous licence.

Ratan Tata - crédits : Pal Pillai/ AFP

Ratan Tata

En mars 2009, Tata lance la commercialisation de la Nano, la voiture la moins chère du monde, vendue symboliquement 100 000 roupies (quelque 1 740 euros). Loin des 4 CV Renault, 2 CV Citroën, Fiat 600 ou Volkswagen Coccinelle, conçues pour motoriser l'Europe de l'après-guerre, la Nano est un nouveau regard sur un « minimum automobile » maintes fois réinventé. D'un très faible gabarit (3,1 m de longueur, 1,5 m de largeur et 1,6 m de hauteur), équipée d'un petit moteur bicylindre en ligne de 623 cm3, elle peut transporter quatre adultes à quelque 80 km/h, dans un confort spartiate qui fait que cette voiture, par les équipements qu'elle ne possède pas, est bon marché. Avec seulement 7 millions de véhicules pour 1,1 milliard d'individus, le marché indien est à construire, au moment où ceux des États-Unis ou de l'Allemagne ont des taux d'équipement d'une voiture pour deux habitants. En 2008, lors de la présentation officielle du modèle à l'Auto Expo de New Delhi, Ratan Tata révèle une automobile en rupture dans laquelle il dépasse l'idée traditionnelle de la voiture populaire en rejetant le remake européen, vestige d'un colonialisme industriel qui a fait de la Padmini – une Fiat 1100 de 1953 – « la » voiture indienne jusqu'en 2000. Mais il s'écarte aussi du modèle lowcost incarné par la Dacia Logan (conçue par Renault). Cette dernière n'est pas, selon lui, suffisamment adaptée aux spécificités de l'Inde : la voiture franco-roumaine reflète en effet à la fois la vision minimaliste d'une automobile marquée par des concepts de pays riches, la volonté de satisfaire une classe moyenne encore peu nombreuse en Inde, enfin le désir de répondre à des contraintes sécuritaires et environnementales que la législation n'impose pas dans tous les pays... notamment en Inde. Promise à un grand avenir, la Nano n’aura finalement pas le succès escompté et Tata Motors annonce en 2016 l’arrêt de sa production.

Ratan Tata, qui est mort le 9 octobre 2024 à Bombay (Mumbai), a symbolisé l'Inde du début du xxie siècle : un pays dont les entreprises sont capables de racheter et, ainsi, de sauver des pans entiers de l'économie de l'ex-Europe dominante, et osent abriter sous le même groupe des marques devenues le miroir d'une société écartelée.

— Jean-Louis LOUBET

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'histoire à l'université d'Évry
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Ratan Tata - crédits : Pal Pillai/ AFP

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