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RATIONAL EXPECTATIONS AND ECONOMETRIC PRACTICE, Robert Lucas et Thomas Sargent Fiche de lecture

La crise économique des années 1970, caractérisée notamment par la « stagflation » (situation durable de fort chômage et d'inflation élevée) met à mal les modèles macroéconomiques keynésiens, utilisés depuis la Seconde Guerre mondiale. Après les critiques des « monétaristes » (Milton Friedman), Robert Lucas (futur Prix Nobel d'économie, 1995) et Thomas Sargent radicalisent l'offensive en fondant ce qu'ils appellent « la nouvelle macroéconomie classique ». Les articles fondateurs de cette école, rassemblés dans Rational Expectations and Econometric Practice (Anticipations rationnelles et pratique économétrique) par ses deux chefs de file, cherchent à réhabiliter les idées prékeynésiennes. Ils étendent le cadre d'analyse néo-classique aux problèmes macroéconomiques dynamiques via l'hypothèse emblématique de ce courant de pensée : l'hypothèse des anticipations rationnelles. La principale conclusion de ce système est alors l'inefficacité de toute politique économique systématique.

Les anticipations rationnelles

L'ouvrage réunit en deux tomes les articles, hautement mathématisés, représentatifs des questions que posent les « nouveaux classiques » dans les années 1970. On y trouve des contributions de Lucas, Sargent, Hansen, Wallace, Barro ou Mc Callum, présentées comme des exemples pour qui souhaiterait « prendre ce train en marche ». Sont exclues les contributions critiques ayant trait au sujet abordé. S'il manque certains articles essentiels, déjà réédités, ces textes révèlent malgré tout le projet central de ce courant : retirer de la macroéconomie ses composantes keynésiennes. Ces modèles sont des modèles d'équilibre général, cherchant à fonder les relations macroéconomiques sur la rationalité des comportements individuels, dans un cadre d'ajustement spontané de tous les marchés.

Le ressort de l'analyse est alors l'hypothèse des « anticipations rationnelles ». Cette hypothèse reçoit plusieurs définitions. Les auteurs adoptent une version forte, inspirée de la formule initiale de John Muth (1961) : « les anticipations, dans la mesure où elles sont des prévisions bien informées d'événements futurs, sont essentiellement identiques aux prévisions d'une théorie économique correcte ». Une définition plus précise est donnée par Lucas et Prescott (1971). Les anticipations subjectives des valeurs futures des variables économiques suivent la même distribution de probabilité que les valeurs réelles : les agents mettent à profit toute l'information disponible, aussi efficacement que le feraient des économistes professionnels et ne commettent pas d'erreur systématique d'anticipations.

Le livre étudie les implications de l'hypothèse pour la modélisation macroéconomique (1re partie), la pratique économétrique (1re et 3e partie), l'évaluation des politiques économiques (2e partie), en particulier la politique monétaire (5e partie).

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Écrit par

  • : enseignant-chercheur à l'université de Paris-IX-Dauphine

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