CASTRO RAÚL (1931- )
Raúl Modesto Castro Ruz, président de Cuba de 2008 à 2018, ne surgit sur la scène politique internationale qu'à partir du 31 juillet 2006, lorsqu'il succède à son frère Fidel, malade, comme chef de l'État par intérim. Numéro deux du régime depuis la révolution cubaine, ministre de la Défense depuis 1959, vice-président du Conseil des ministres et du Conseil d'État depuis 1962, et deuxième secrétaire du Parti communiste cubain (PCC) depuis 1965, il est resté durant quarante-sept ans un homme de l'ombre.
Raúl Castro est né le 3 juin 1931 près de Birán, dans la province d'Oriente. Bien qu'il soit souvent présenté comme un enfant bâtard, fils de Lina Ruz, la seconde femme d'Angel Castro, et d'un métis chinois, sergent dans l'armée, aucune preuve tangible ne vient corroborer cette information. Angel Castro a reconnu l'enfant et Raúl a grandi auprès de ses frères Fidel et Ramón et de ses quatre sœurs dans le grand domaine agricole familial.
Contrairement à son turbulent frère aîné Fidel, Raúl est un garçon timide et effacé. Il étudie dans les mêmes collèges jésuites à Santiago et à La Havane, mais ses résultats scolaires sont médiocres. S'il entre à l'université, il ne termine pas son cursus d'administration publique. Son parcours est surtout marqué par un séjour effectué en 1953 dans les pays d'Europe de l'Est, à la suite duquel il adhère aux Jeunesses communistes. Il rejoint aussi le groupe de jeunes militants créé par Fidel pour attaquer la caserne du Moncada le 26 juillet 1953, à Santiago de Cuba, dans le but de renverser la dictature de Fulgencio Batista. Emprisonné durant vingt-deux mois après l'échec de ce coup de force, il est gracié avec Fidel en 1955 et tous deux quittent l'île pour le Mexique.
En tant que militant communiste, Raúl Castro développe de nombreux contacts à Mexico par l'intermédiaire desquels il fait la connaissance d'Ernesto (Che) Guevara. Ébloui par la personnalité du jeune Argentin, il organise une rencontre avec son frère Fidel. Celui-ci invite Guevara à se joindre à son projet de débarquement dans l'Oriente cubain pour libérer l'île de la dictature de Batista.
Raúl, Fidel et Guevara sont parmi les rares survivants du débarquement catastrophique du Granma en décembre 1956. Réfugiés dans les montagnes, ils organisent la guérilla. Raúl devient commandant ; il est chargé de prendre la Sierra Cristal, non loin de la propriété familiale de Birán. Ses compétences stratégiques et sa fine connaissance du terrain sont décisives pour mettre en déroute l'armée de Batista. Après le triomphe des barbudos en janvier 1959, Raúl devient commandant en chef des forces armées révolutionnaires.
Raúl Castro s'est longtemps caractérisé par sa faible exposition médiatique ; il est néanmoins connu pour avoir joué le rôle de procureur lors des procès staliniens contre le général Arnaldo Ochoa et les frères de la Guardia en 1989. En fait, son influence politique est inversement proportionnelle à son apparition dans les médias et à son goût pour les discours. Sur le plan diplomatique, il favorise le rapprochement avec l'URSS et l'entrée, en 1972, de Cuba dans le Conseil d'assistance économique mutuel. Sur le plan économique, il fait preuve de pragmatisme. Dès les années 1970, il promeut l'emploi de soldats dans l'agriculture afin de suppléer au manque de main-d'œuvre et, en 1993, alors que l'île connaît une pénurie alimentaire sans précédent, il proclame dans un article du journal mexicain El Sol « plutôt des haricots que des canons ». À partir de 1982, les entreprises en joint-ventures avec des capitaux étrangers sont autorisées, mais sous la férule de l'armée, donc de son chef Raúl Castro. Dans les années 1990, celles-ci se multiplient, notamment dans[...]
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Écrit par
- Marie Laure GEOFFRAY : enseignante ATER de science politique à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, chargée de cours à Sciences Po Poitiers (cycle ibéro-américain de Sciences Po Paris)
Classification
Média
Autres références
-
CUBA
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Marie Laure GEOFFRAY , Janette HABEL , Oruno D. LARA , Jean Marie THÉODAT et Victoire ZALACAIN
- 24 436 mots
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