RAW MATERIAL OK, OK, OK (B. Nauman)
Sur trois canaux distincts – deux moniteurs télé et une projection murale –, le visage en gros plan de l'artiste américain Bruce Nauman tourne sur lui-même répétant inlassablement les deux lettres « OK ». Ce mot, sa répétition, et le dispositif qui en amplifie l'intensité constituent Raw Material – OK, OK, OK (Matériau brut – OK, OK, OK) qui donne son titre à cette installation vidéo réalisée par l'artiste en 1990. La situation, rappelant en cela l'esprit du théâtre de Beckett, a sans doute quelque chose d'absurde. Cette forme particulière de torture que l'artiste s'inflige n'a apparemment aucune cause, sinon, peut-être, la présence d'un spectateur que son art apostrophe généralement avec une violence calculée. Une violence qui attire l'attention pour la maintenir à la limite d'un seuil de tolérance au-delà duquel, ainsi que la scansion du mot nous le laisse vite entendre, le OK se transforme en KO. Comme de nombreuses vidéos de Bruce Nauman, celle-ci est destinée à être diffusée en boucle, continuellement, prenant le spectateur au piège d'un temps circulaire, dont l'issue – sans cesse différée – ne peut être que le chaos.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Hervé VANEL : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)
Classification