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RAY

Antique cité iranienne au sud-est de l'agglomération téhéranaise, près de la ville moderne de Shahr-e-Rey, Ray (Rayy chez les géographes arabes, ou encore Rey, ou Rai) est située à l'affleurement d'une abondante nappe phréatique. L'occupation du site remonte au Néolithique (tépé Tshashmè Ali occupé du ~ Ve au ~ IIIe millénaire). Elle est citée dans l'Avesta, dans l'inscription de Darius à Bisotūn (Ragā), dans la Bible (Rhagès de Médie : Tobie IV, 1), et chez les auteurs grecs (Raghès). Visitée par Alexandre, embellie par les Séleucides (elle s'appelle alors Europos), elle est la métropole de la Médie sous les Parthes et sous les Sāsānides. S'étant révoltée après la conquête arabe, elle fut presque totalement détruite. Favorisée par les premiers ‘Abbāsides, qui l'appelaient Muḥammadiyya, elle devint, après Baghdād, la cité la plus prospère de l'Orient islamique au xe siècle. Puis divers facteurs amenèrent son déclin (fragmentation politique, factionnalisme). Capitale d'une branche būyide au xe siècle, annexée par les Ghaznévides au xie siècle, elle passa dans l'orbite des Saldjūqides (xie-xiie s.), puis dans celle des Khwārazm-shāh (xiie-xiiie s.). Avant même le sac de la ville par les Mongols, en 1220, sa population avait été décimée par le factionnalisme (luttes entre groupes religieux : sunnites contre shī‘ites ; entre rites sunnites) et les constructions saccagées. Supplantée par Varāmīn à l'époque īlkhānide, puis par Taḥran (Téhéran), elle ne se releva jamais. Son rôle culturel fut considérable, notamment en ce qui concerne l'élaboration des théologies mu‘tazilite et shī‘ite (c'est pourquoi sa bibliothèque a été incendiée par les Ghaznévides au xie siècle). Un certain nombre d'hommes célèbres en sont originaires, tels le calife Hārūn al-Rāshīd, le médecin philosophe Rhazès, le théologien Fakhr al-Dīn Rāzī, le poète Qiwāmī. Renommée pour ses céramiques lustrées, Ray a conservé quelques vestiges préislamiques, le mausolée de Bibi Shahrbānū (la fille de Yazdegerd III, épouse de l'imām Ḥusayn selon la légende) et surtout le sanctuaire shī‘ite du shāh ‘Abd al-Azīm.

— Jean CALMARD

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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