BRADBURY RAY (1920-2012)
Né le 22 août 1920 à Waukegan (Illinois), lecteur depuis l'enfance de textes fantastiques et d'ouvrages de science-fiction, Bradbury publie ses premiers récits à partir de 1938, dans des fanzines (revues ronéotypées éditées par des amateurs de science-fiction) de la région de Los Angeles. Ses véritables débuts professionnels datent de 1941 (une nouvelle dans Super Science Stories) ; son nom apparaîtra désormais dans divers magazines policiers, dans Astounding, et surtout dans la revue Weird Tales, rendue célèbre par Lovecraft. Une grande partie des nouvelles fantastiques écrites à cette époque sera reprise dans Dark Carnival (1947), premier recueil de Bradbury, qui réutilisera ces textes pour Le Pays d'Octobre (The October Country, 1955).
C'est en 1946 que paraît dans Planet Stories la première des Chroniques martiennes. L'édition de ces nouvelles en volume (1950) vaudra à Bradbury une célébrité immédiate, tant en Europe qu'aux États-Unis. C'est sans doute l'ouvrage le plus caractéristique de sa manière : une science-fiction très intériorisée, parfois très proche du fantastique et de l'épouvante (ainsi la nouvelle intitulée Usher II, qui annonce le thème, qu'il développera en 1953 dans son roman Fahrenheit 451, de la persécution des lecteurs de livres), animée de vives préoccupations humanistes et moralistes. Bradbury fait ensuite paraître un autre recueil de nouvelles, L'Homme illustré (The Illustrated Man, 1951), et collabore, avec le réalisateur John Huston, à l'adaptation cinématographique de Moby Dick. Par la suite, il publie encore plusieurs ouvrages, en particulier La Foire aux ténèbres (Something Wicked this Way Comes, 1962), et Je chante le corps électrique (I Sing the Body Electric, 1969), L’Arbre d’Halloween (The Halloween Tree, 1972), La solitude est un cercueil de verre (Death is a Lonely Business, 1985), Il faut tuer Constance (Let’s all Kill Constance, 2003).
Le cinéma s'est beaucoup intéressé à l'œuvre de Bradbury. Si L'Homme tatoué (L'Homme illustré) de Jack Smight (1968) et Chroniques martiennes de Michaël Anderson (1979) ne sont pas d'authentiques réussites, François Truffaut, avec Fahrenheit 451 (1966) et Jack Clayton, dans La Foire aux ténèbres (1983), ont su traduire en images le climat particulier des textes de l'auteur.
On a souvent accusé Bradbury de se répéter ; il y a beaucoup de vrai dans ce jugement, même si c'est volontairement qu'il entend se limiter à l'approfondissement de certains thèmes privilégiés comme la nostalgie de l'enfance, la défense de l'individu ou la critique de la science. Une telle attitude fait de lui un isolé au sein de la science-fiction. Bien qu'il soit leur contemporain, il a peu d'affinités avec des auteurs de « l'âge d'or » comme Asimov, Heinlein ou Van Vogt ; il ne s'est jamais véritablement soucié de respecter strictement les canons d'un genre qui n'est pas, au fond, le sien, car il reste avant tout un auteur fantastique. Il a d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises que si Farenheit 451 pouvait être considéré comme un livre de science-fiction, ses autres œuvres relevaient davantage du genre de la fantasy. C'est peut-être d'ailleurs cette position, d'un abord plus aisé pour un public non prévenu qui, jointe à un très grand talent de styliste, a fait son succès, surtout en France où les Chroniques martiennes ont fait naître, depuis leur traduction en 1954, de très nombreuses vocations d'auteurs (c'est le cas de Gérard Klein).
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Écrit par
- Jean-Paul MOURLON : maître ès lettres modernes, professeur au lycée de Tiaret, Algérie
Classification
Média
Autres références
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FANTASTIQUE
- Écrit par Roger CAILLOIS , Éric DUFOUR et Jean-Claude ROMER
- 21 027 mots
- 17 médias
...sociale, exactement comme avaient procédé en leur temps Voltaire dans Micromégas, Swift dans Les Voyages de Gulliver. Toutes proportions gardées, un Ray Bradbury peut passer en ce domaine pour leur héritier direct. Ses récits d'anticipation, les expéditions spatiales ou les péripéties martiennes qu'il...