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EWRY RAY (1873-1937)

En athlétisme, un seul homme est parvenu à remporter huit titres olympiques individuels et à demeurer invaincu aux Jeux : l'Américain Ray Ewry, adepte d'une spécialité alors balbutiante et désormais oubliée, les sauts sans élan.

Né le 14 octobre 1873 à Lafayette (Indiana), Ray C. Ewry contracte la poliomyélite à l'âge de douze ans : les médecins estiment alors qu'il ne remarchera sans doute pas et lui proposent de s'astreindre à des séances de rééducation afin d'atténuer son handicap probable. Le jeune garçon se plie à ces exercices, la maladie s'estompe, il retrouve l'usage de ses jambes : ce travail lui permet de devenir un adolescent athlétique.

Mince et élancé (1,90 m), il intègre les équipes d'athlétisme et de football américain de l'université Purdue sur le campus de West Lafayette, dans son État natal. Rapidement, il se montre excellent dans les sauts sans élan et rejoint le New York Athletic Club : il remporte par la suite quinze titres avec ce club lors des Championnats nationaux d'athlétisme, le premier en 1898, le dernier en 1910.

Ses performances valent à Ray Ewry de participer aux jeux Olympiques de Paris en 1900. Sur le stade de la Croix-Catelan, il se montre impérial, remportant dans la même journée les trois épreuves de saut sans élan : hauteur (1,665 m), longueur (3,21 m) et triple saut (10,58 m). Le public parisien, ébahi, surnomme ce phénomène l'« homme caoutchouc ». Quatre ans plus tard, Ewry réédite cet exploit aux Jeux de Saint Louis : il réalise notamment une performance exceptionnelle dans le saut en longueur (3,476 m). Le triple saut sans élan disparaît alors du programme olympique ; Ray Ewry ne remporte donc « que » deux médailles d'or aux « Jeux intercalaires » d'Athènes en 1906, lesquels ne seront pas reconnus par le Comité international olympique. En 1908, aux Jeux de Londres, il est une fois encore couronné lors des concours de saut en longueur sans élan (3,335 m) et de saut en hauteur sans élan (1,575 m).

Pour Ray Ewry, l'heure de la retraite sportive va sonner deux ans plus tard. Les deux sauts sans élan seront supprimés du programme olympique après les Jeux de Stockholm en 1912, où les vainqueurs, l'Américain Platt Adams pour la hauteur sans élan et le Grec Konstantinos Tsiklitiras pour la longueur sans élan, sont loin de réaliser des performances du niveau de celles de Ray Ewry. Ce dernier se donne de son côté entièrement à sa carrière professionnelle : doté d'un diplôme d'ingénieur en mécanique, il exerce le métier d'ingénieur hydraulicien pour la Ville de New York. Il s'éteint le 29 septembre 1937 à Douglaston (Long Island, État de New York).

Les sauts sans élan sont désormais tombés dans l'oubli, le nom de Ray Ewry pourrait ne plus rien évoquer à personne depuis longtemps. Or ce n'est pas le cas : en 1983, il figura sur la première liste de sportifs admis dans le panthéon olympique américain (U.S. Olympic Hall of Fame), au côté, par exemple, de Jesse Owens ou de Bob Beamon...

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • JEUX OLYMPIQUES

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    • 14 654 mots
    • 11 médias
    ...le doublé 800-1 500 mètres, tandis que son compatriote John Flanagan remporte le lancer du marteau pour la troisième fois consécutivement. Un autre Américain, Ray Ewry, gagne le saut en hauteur et le saut en longueur sans élan : depuis 1900, il a remporté tous les titres de saut sans élan (8).
  • LONDRES (JEUX OLYMPIQUES DE) [1908] - Chronologie

    • Écrit par
    • 2 268 mots
    Le bondissant Ray Ewry (États-Unis) enlève le saut en longueur sans élan (3,335 m).