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MILLAND RAY (1905-1986)

Ray Milland, de son vrai nom Reginald Truscott-Jones, est né à Neath (Royaume-Uni) en 1905. Bien avant la vague d'acteurs britanniques qui furent annexés par les studios américains, ce comédien d'origine galloise tenta sa chance à Hollywood, sur les conseils d'Anita Loos, auteur des Hommes préfèrent les blondes. Il possédait alors, acquise sous le nom de Spike Milland, une modeste expérience professionnelle : quelques films tournés à la fin de l'ère du muet dans les studios britanniques.

Parvenu à Hollywood, Ray Milland joue d'abord de petits rôles dans diverses productions, avant d'être pris sous contrat par une grande firme susceptible de modeler son image ou d'infléchir sa carrière : c'est ainsi qu'il interprète dans les studios Warner et Universal de nombreux rôles auprès des grands comédiens de la décennie : George Arliss, Bette Davis, George Raft notamment. En 1935, il tient un des rôles marquants dans la première version de La Clé de verre, d'après Dashiell Hammett, où il hésite encore entre la veulerie et la suavité qui lui permettront de réaliser plus tard des compositions inquiétantes. Pour l'instant, il doit se contenter de films d'évasion ou de productions qui sont l'équivalent du « cinéma du samedi soir ». Il joue aux côtés de vedettes très appréciées telles que Dorothy Lamour ou Deanna Durbin. Mais, les films étant construits autour de ces actrices, les jeunes premiers n'y sont plus que des faire-valoir.

Ray Milland suivit cette tendance voulue par les studios avec distance et élégance en attendant de pouvoir montrer ses dons réels de comédien. Deux rôles sont à détacher de cette première période : ceux qu'il tint dans Beau Geste de William Wellmann (1939), au côté de Gary Cooper, et dans Hôtel impérial de Robert Florey (ibid.), œuvre visiblement inspirée des films de Josef von Sternberg, où la star italienne Isa Miranda évoquait Marlene Dietrich.

Dans les années 1940, ses rôles seront plus « écrits » ; Ray Milland évolue dans des comédies aussi brillantes que The Major and the Minor de Billy Wilder (1942), et, toujours avec Ginger Rogers, l'adaptation de ce grand succès de Broadway Lady in the Dark (Les Nuits ensorcelées, de Mitchell Leisen, 1944), qu'accompagne une musique de Kurt Weill. La même année, il tourne avec Fritz LangThe Ministry of Fear (Espions sur la Tamise) ; dans ce film, il déjoue avec beaucoup d'humour les chausse-trapes de l'intrigue et crée ainsi son image de marque, qu'il n'hésite plus à bousculer, l'année suivante, lorsqu'il est à nouveau sous la direction de Billy Wilder dans le film The Lost Week-End (Le Poison, 1945). Sa composition des plus réalistes – un écrivain alcoolique plongé dans les cauchemars du delirium tremens – lui vaut cette année-là l'oscar du meilleur comédien.

Bien que partenaire de stars telles que Marlene Dietrich (dans Les Anneaux d'or de M. Leisen, 1947), il ne retrouvera pas de rôles aussi marquants que celui du mari suave et retors qu'il interprète en 1954 dans Le crime était presque parfait d'Alfred Hitchcock. Il y incarne avec délectation cet Anglais tellement courtois qu'il n'hésite pas à faire envoyer sa femme à la guillotine après avoir tenté de l'assassiner, toujours en gentleman. Peu après il est le protagoniste du très beau La Fille sur la balançoire (Richard Fleischer, 1955), où il tient le rôle, au côté de Joan Collins, d'un célèbre architecte, Stanford White. Ray Milland décide de passer de l'autre côté de la caméra et, cette même année, met en scène un western : A Man Alone. Il réalisera encore quatre films, dont L'Homme de Lisbonne (1956) tourné en compagnie d'un de ses compatriotes, Claude Rains, cantonné dans le même type de personnages ambigus, et de Maureen O'Hara[...]

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