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EDDÉ RAYMOND (1913-2000)

Raymond Eddé est né le 15 mars 1913 à Alexandrie, en Égypte, dans une famille maronite originaire du village d'Eddé, dans le district de Djebail (Byblos) au Liban. La famille Eddé est revenue au Liban en 1920, après l'instauration du mandat français sur le pays des Cèdres. Raymond Eddé obtient en 1934 une licence en droit de l'université Saint-Joseph de Beyrouth. Deux ans plus tard, son père, Émile Eddé, est élu président de la République libanaise. À sa mort, en 1949, Raymond Eddé lui succède à la tête du parti politique qu'il a fondé, le Bloc national, et prend le titre de Amid (Doyen). Raymond Eddé est élu député au Parlement libanais pour la première fois en 1953, dans la circonscription électorale de Djebail. Par la suite, il se fera réélire à ce siège jusqu'en 1992. Il perdra une seule fois son siège parlementaire, en 1964, à la suite de machinations politiques ourdies contre lui, mais le retrouvera un an plus tard à l'occasion d'une élection partielle. En 1958, Raymond Eddé est nommé ministre dans le gouvernement de salut public qui met un terme à la grave crise qui agite le Liban. Mais, très vite, il se brouille avec le président en exercice, Fouad Chéhab, et démissionne pour protester contre les ingérences du deuxième bureau (les renseignements) dans la politique et l'administration. On fait de nouveau appel à lui en 1968 dans un nouveau cabinet de salut public. Mais Eddé démissionnera trois mois plus tard pour protester contre l'inaction de l'armée lors du raid israélien contre l'aéroport de Beyrouth. Dès le début de la guerre libanaise, en 1975, Raymond Eddé adopte une position modérée. Son parti politique refuse de former une milice et ne prend à aucun moment part aux luttes armées qui agitent le Liban pendant plus de deux décennies. En 1976, il s'oppose à l'intervention syrienne au Liban et échappe à trois tentatives d'assassinat, dont deux devant son domicile, à Beyrouth-Ouest. Il décide alors de s'exiler et quitte le Liban le 22 décembre 1976, pour s'installer à Paris où il restera jusqu'à la fin de ses jours. Pour retourner au Liban, il posait deux conditions : le départ des forces syriennes et le retrait des forces israéliennes de l'ensemble du territoire libanais. Cette dernière condition se réalisa quelques jours après sa mort.

Visionnaire, Raymond Eddé avait appelé en vain, dès 1964, au déploiement des casques bleus à la frontière libano-israélienne, ce qui lui valut l'hostilité des nationalistes arabes. En outre, en 1969, il refusa de cautionner les accords du Caire qui permettaient aux Palestiniens présents sur le territoire libanais de s'armer. Selon lui, ces accords fournissaient un prétexte aux Israéliens pour attaquer le Liban et occuper le Liban-Sud, ce qui arriva quelques années plus tard. Son refus de recourir à la violence tout au long de la guerre témoigne d'une grande maturité politique.

S'il occupa relativement peu de postes ministériels en raison de son opposition presque permanente à tous les régimes politiques en place, Raymond Eddé fit cependant voter plusieurs lois importantes. Son nom reste lié plus particulièrement à la loi instituant le secret bancaire, en 1956, qui devait contribuer fortement à l'essor de l'économie libanaise. Opposé à tous les compromis intérieurs ou extérieurs, il en paya politiquement le prix fort. En effet, ce démocrate ne put accéder à la présidence de la République qu'il brigua tout au long de sa vie. Raymond Eddé est décédé à Paris le 10 mai 2000 mais ses obsèques, d'ampleur nationale, eurent lieu dans sa patrie, à Beyrouth.

— Georges LABAKI

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Écrit par

  • : professeur à l'université Notre-Dame-de-Louaizé, Liban, président de l'École nationale d'administration-Liban

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    ...rebaptisé « Fatahland » par les Israéliens – comme base d'opération, cet accord, tenu secret jusqu'en 1976 et récusé seulement par le Bloc national de Raymond Eddé, est contraire au plein exercice de la souveraineté libanaise. Non seulement le nouvel arrangement ne protège pas le Liban, mais il entraîne...