ROULEAU RAYMOND (1904-1981)
Élève au conservatoire de Bruxelles, sa ville natale, Raymond Rouleau remporte, très jeune, les prix de comédie, de tragédie, de mimique et d'excellence. Il vient, vite, à Paris, où il participe aux côtés d'Antonin Artaud, au théâtre surréaliste Alfred Jarry. Il écrit une pièce, L'Admirable Visite, qui est montée à l'Atelier, par Charles Dullin. Pourtant, c'est à Bruxelles où il est venu prendre, en 1935, la direction du théâtre du Marais qu'il monte le spectacle auquel il doit son grand départ vers la célébrité : Le Mal de la jeunesse, de Bruckner. Il le présente à Paris, au théâtre de l'Œuvre, amenant avec lui sa troupe de comédiens, que la France allait garder : Madeleine Ozeray, Jean Servais, Tania Balachova, Lucienne Lemarchand.
Auteur, metteur en scène, acteur qui restera fidèle au théâtre, Raymond Rouleau va devenir en même temps une vedette du cinéma français, et pour longtemps. Lors de son premier séjour à Paris, il a débuté, en 1929 dans L'Argent, de Marcel L'Herbier. Un petit rôle. En 1930, il tourne, en Belgique, dans Ce soir à huit heures, essai surréaliste de Pierre Charbonnier et Une idylle à la plage d'Henri Storck. En France, dans les années 1930, le cinéma lui offre des rôles de jeune premier de charme. Capable de passer avec aisance de la comédie au drame, il est remarqué, notamment, dans Les Beaux Jours (Marc Allégret, 1935), Donogoo (Rheinhold Schunzel et Henri Chomette, 1936) d'après la pièce de Jules Romains, L'Affaire Lafarge (Pierre Chenal, 1937), Conflit de Leonide Moguy et Le Drame de Shangaï de Pabst, en 1938. Au cours de cette période, il réalise lui-même cinq films : Suzanne (1932), Une vie perdue (1933), Rose (1935, le plus original, dont le scénario est de Tania Balachova qui l'écrivit sous le pseudonyme de Daniel Scott), Trois, Six, Neuf (1936) et Le Messager (1937), d'après une pièce de Bernstein, où il a dirigé Jean Gabin.
Théâtre, cinéma, interprétation, mise en scène, tout se conjugue chez Raymond Rouleau. De 1940 à 1944, toutefois, le cinéma semble l'emporter. Sous l'occupation allemande, en effet, les films américains ont disparu des écrans et les Français en ont la nostalgie : à la fois acteur romantique et fantaisiste « à l'américaine », Raymond Rouleau, qui a l'air d'un jeune homme, aux abords de la quarantaine connaît alors une très grande popularité. Son charme s'ajoute à son talent dans L'Assassinat du père Noël (1941) et Premier Bal (1941), de Christian-Jaque, Mamzelle Bonaparte (1941) de Maurice Tourneur, L'Honorable Catherine (1943) de Marcel L'Herbier – bel exemple de comédie sophistiquée, façon Hollywood, avec une Edwige Feuillère à la fantaisie débridée –, Monsieur des Lourdines de Pierre de Hérain (1943). Mais c'est avec Jacques Becker qu'il trouve ses meilleurs rôles, dans Dernier Atout (1942) et, surtout, Falbalas (1945), où il est un couturier donjuanesque, sacrifiant les femmes à son désir de création et qu'un amour contrarié rend fou. Après la guerre, toujours jeune et désinvolte, il joue un double rôle dans Le Couple idéal (signé Bernard-Roland, mais Rouleau a participé à la réalisation) et il est surtout l'interprète de comédies policières et boulevardières tournées par André Hunebelle. Puis il n'apparaît plus que rarement à l'écran, dont il se retire en 1965. À partir de 1950, la carrière de Raymond Rouleau s'infléchit vers le théâtre. En fait il n'a jamais abandonné le théâtre, mettant en scène La Machine à écrire de Cocteau (1945), et Huis clos de Sartre (1944). Il est un des maîtres de la scène française et se fait une spécialité des éclairages oniriques, des atmosphères décoratives très ornées (avec Lila de Nobili).
Il monte notamment des pièces de Tennessee Williams[...]
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Écrit par
- Jacques SICLIER
: journaliste, critique de cinéma au journal
Le Monde
Classification
Autres références
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SIGNORET SIMONE (1921-1985)
- Écrit par Didier MÉREUZE
- 1 754 mots
...création a lieu le 17 décembre 1954, à Paris, au théâtre Sarah-Bernhardt (l'actuel Théâtre de la Ville). Marcel Aymé a signé l'adaptation du texte et Raymond Rouleau la mise en scène. « Une ligne maîtresse, au cours des répétitions, était le rappel constant des formes d'intolérance que nous autres Français...