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SYNCHROTRON RAYONNEMENT

Toute particule chargée soumise à une accélération émet des ondes électromagnétiques. L'émission de ce rayonnement ainsi émis s'appelle rayonnement de freinage magnétique ou, plus communément, encore, rayonnement synchrotron. Il a été observé pour la première fois en avril 1947 par Herb Pollock et Robert Langmuir sur le synchotron de 70 millions d'électronvolts qu'ils avaient construit au laboratoire de recherche de la General Electric à Shenectady (New York).

Cet effet est à la base des communications « sans fil », puisque les ondes sont émises par des électrons qui oscillent le long des antennes. Les propriétés de cette émission se calculent exactement avec les équations de l'électrodynamique classique pour une charge se déplaçant à très grande vitesse. Elles montrent que les propriétés géométriques et spatiales de la lumière émise ( photons) ne dépendent que de l'énergie de la particule, de sa masse et du champ d'accélération dans lequel elle se déplace. Seules des particules légères, c'est-à-dire des électrons ou leurs antiparticules (positons), peuvent subir des accélérations suffisantes.

Grâce à ses caractéristiques très spécifiques, le rayonnement synchrotron, initialement considéré comme parasite, est devenu un outil irremplaçable pour sonder la matière. En effet, sa grande étendue spectrale (de l'infrarouge aux rayons X durs), sa cohérence partielle, couplée à une brillance exceptionnelle, en font un instrument indispensable dans de nombreux domaines – physique, chimie, biologie, mais aussi environnement, géosciences, patrimoine, science des matériaux, etc. –, que ce soit pour des recherches à caractère fondamental ou bien appliqué. L'engouement rencontré pour ce type de source se traduit par la prolifération de ces installations au niveau mondial (environ une centaine sont aujourd'hui opérationnelles ou en cours de construction).

Les origines

Le principe du rayonnement qu'émet un électron en mouvement apparaît pour la première fois dans un ouvrage de J. Larmor en 1897 en ce qui concerne les électrons non relativistes, puis dans les ouvrages de A. Lienard et E. Wiechert en 1898 pour les électrons de vitesse arbitraire. La mise en évidence expérimentale eut lieu, d'abord indirectement en 1946 (J.-P. Blewett) par l'observation de la variation de l'orbite de l'électron, puis directement en 1947 par l'observation du rayonnement lui-même (Pollock et Langmuir) sur un synchrotron. C'est ainsi que le rayonnement électromagnétique de l'électron prit le nom de rayonnement synchrotron. L'utilisation du rayonnement synchrotron comme outil d'études commença vers 1970 après la construction des anneaux de stockage pour la physique des hautes énergies.

Brillance du rayonnement synchrotron - crédits : Encyclopædia Universalis France

Brillance du rayonnement synchrotron

Assez rapidement, l'utilisation de ce rayonnement parasite pour d'autres branches de recherche s'est imposée, à partir des années 1970. Une étape a été franchie avec la construction de machines optimisées pour ce type de recherches, machines dites de deuxième génération. Enfin une troisième génération de machines dotées de faisceaux extrêmement concentrés et de dispositifs magnétiques supplémentaires optimisés (les insertions magnétiques) a permis de multiplier par 1012 la brillance des sources des tubes à rayon X (fig. 1). La brillance permet de qualifier à la fois le flux de photons (nombre de photons par seconde) disponible sur l'échantillon et la possibilité de focaliser ce flux et de l'exploiter à très haute résolution spectrale. Ainsi est né le projet SOLEIL (source optimisée de lumière d'énergie intermédiaire du Lure), visant à doter la communauté française (et pour une large part européenne) d'une source de rayonnement synchrotron du meilleur niveau (voir encadré, Le synchrotron SOLEIL). Résultat d'une[...]

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Écrit par

  • : directeur scientifique chez Pechiney, Paris
  • : directrice adjointe, division sources, synchrotron SOLEIL
  • : directeur scientifique adjoint, division expériences, synchrotron SOLEIL
  • : directeur de l'European Synchrotron Radiation Facility, Grenoble

Classification

Médias

Brillance du rayonnement synchrotron - crédits : Encyclopædia Universalis France

Brillance du rayonnement synchrotron

Émission synchrotron d'un électron accéléré - crédits : Encyclopædia Universalis France

Émission synchrotron d'un électron accéléré

Autres références

  • ACCÉLÉRATEURS DE PARTICULES

    • Écrit par et
    • 3 528 mots
    • 3 médias
    ...élémentaires, parce que de trop faible énergie, sont tout d'abord utilisés de façon parasitaire et ensuite totalement accaparés par les utilisateurs de lumière synchrotron. Cette lumière, dont le spectre couvre une large gamme de longueur d'ondes, du visible aux rayons γ, est émise par les particules...
  • CRISTAUX

    • Écrit par et
    • 7 291 mots
    • 2 médias
    ...excités émettent un rayonnement X. L'intensité de ce type de source a ensuite été accrue grâce à un dispositif d'anode tournante refroidie. Aujourd'hui, le rayonnement synchrotron, qui résulte du « freinage » d'électrons de très haute énergie circulant dans un anneau de plusieurs dizaines de mètres de diamètre,...
  • CURIEN HUBERT (1924-2005)

    • Écrit par
    • 1 583 mots
    • 1 média
    C'est dans ce cadre qu'Hubert Curien a poussé l'idée de créer une machine à rayonnement synchrotron, construite et gérée par une collaboration européenne, dont les décisions de réalisations ont été prises en 1985. En 1973, il gravit un échelon de plus, celui de délégué général à la recherche scientifique...
  • ÉLECTRONS

    • Écrit par et
    • 6 657 mots
    • 5 médias
    ...fondamentale. La structure en harmoniques du rayonnement s'efface dans une émission avec des fréquences variant de façon continue : c'est ce qu'on appelle le rayonnement synchrotron. Un électron en mouvement circulaire a une énergie beaucoup plus élevée que celle de sa masse, donc avec γ = E/mc2 grand ;...
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