RÉACTEURS NUCLÉAIRES À SELS FONDUS
Comment déployer à grande échelle ce type de réacteur ?
L' 233U utilisé comme matière fissile dans les T.M.S.R.-N.M. dès son démarrage n'existant pas à l'état naturel sur Terre, des études sont également menées afin d'identifier les meilleures solutions qui puissent permettre de fournir la première charge en matière fissile pour ces réacteurs. Un démarrage direct à l'235U est possible mais, pour des raisons de non-prolifération, il faut limiter l'enrichissement en 235U autour de 20 p. 100 à 30 p. 100. Dans ces conditions (70 p. 100 d'238U et 30 p. 100 d'235U), la présence d'238U accompagnant l'235U provoque la formation de transuraniens en quantités pouvant être incompatibles avec leur solubilité dans le sel et pouvant provoquer une précipitation incontrôlée de ces transuraniens. La souplesse de fonctionnement du T.M.S.R.-N.M. permet toutefois de trouver des compositions de démarrage évitant cet écueil. Une autre solution consiste à produire l'233U dans les réacteurs de génération II et III (R.E.P., Candu) ou futurs (réacteurs à neutrons rapides R.N.R.), ou encore d'utiliser directement le plutonium et les actinides mineurs produits par ces mêmes réacteurs actuels. Cette dernière possibilité présente des avantages certains ; en effet, cette voie d'utilisation directe des déchets nucléaires des centrales actuelles pour démarrer les T.M.S.R.-N.M. permet à la fois de minimiser la production de déchets à vie longue des filières existantes, de développer largement la production d'énergie nucléaire et de clore le cycle actuel des réacteurs à eau.
Le programme de recherche en cours illustre le potentiel important de développement de ce concept de T.M.S.R.-N.M., dont la simplicité, la robustesse et l'adaptabilité ont mené à sa sélection au niveau international pour des études poussées, vers la définition d'un démonstrateur. Celui-ci permettra, d'ici à 2020, de concrétiser la position prometteuse que peuvent avoir les réacteurs à sels fondus comme réacteurs de quatrième génération, pour produire une grande part de l'énergie nucléaire dont le monde aura sans doute besoin dans un futur proche.
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Écrit par
- Daniel HEUER : directeur de recherche au C.N.R.S., IN2P3
- Elsa MERLE-LUCOTTE : docteur ès sciences, enseignante-chercheur, Phelma-I.N.P.G.-L.P.S.C.-IN2P3, C.N.R.S.
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