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RÉACTION INFLAMMATOIRE

Après une exposition prolongée au soleil, la peau rougit, devient douloureuse, parfois « cloque » ; puis, en quelques jours, ces signes d’atteinte de la peau disparaissent. Le « coup de soleil » est un exemple de réaction inflammatoire, réponse physiologique normale, immédiate et transitoire à toute agression extérieure compromettant l’intégrité de l’organisme. L'agression peut être stérile – quand elle est due à des traumatismes, brûlures, actes chirurgicaux, hémorragies où lors d'exposition à des agents physiques (ultraviolet, radioactivité) ou chimiques – ou d'origine infectieuse (bactéries, virus, parasites, champignons). L'inflammation est un mécanisme de défense dont la fonction est le retour « à la normale » après une lésion tissulaire, en éliminant les tissus lésés et les agents infectieux. La réponse inflammatoire et la réponse immunitaire innée sont deux phénomènes extrêmement similaires, pour ne pas dire identiques, en ce qui concerne la fonction et les mécanismes mis en jeu. L’aspect positif de l’inflammation a son revers : différentes situations pathologiques sont associées à une chronicité de la réponse inflammatoire ou à une réponse excessive, tandis que l'inflammation peut aussi être le foyer d’autres pathologies.

Cinq millénaires de connaissances sur l’inflammation

Les premières indications historiques concernant l'inflammation viennent sans doute de Chine, où l'herbologie pour la soigner a été introduite par l'empereur mythique Shennong (2800 av. J.C.). Les premières descriptions claires de pathologies inflammatoires et de leurs remèdes sont mentionnées dans les papyrus d'Edwin Smith et d'Ebers découverts à Louxor, et rédigés vers 1500 avant J.-C. En Grèce, Hippocrate (400 av. J.-C.) traite de l'inflammation dans ses œuvres et préconise des extraits d'écorce de saule pour traiter la fièvre et les douleurs. L’usage de l’écorce de saule traverse les millénaires : c'est à partir de ses extraits que, en 1828 en Allemagne, Johannes Buchner prépare la salicine, principe actif de l’écorce. L’analyse chimique qui en est faite en 1835 rapproche la salicine de l’acide spirique, également efficace contre fièvre et douleurs, mais extrait d’une plante à fleur, la spirée. Le Strasbourgeois Charles Frédéric Gerhardt synthétise un analogue de ces molécules, l'acide acétylsalicylique en 1853. Cette molécule est finalement commercialisée par Friedrich Bayer en 1899 sous le nom d'Aspirin® : (a- pour acétyl, spir- pour spirique, et in- désinence des alcaloïdes [ine en français]). Aulus Cornelius Celsus, médecin romain du ier siècle, définit le premier les quatre signes cardinaux de l'inflammation qui demeurent une définition valide à ce jour : Notaeveroinflammationissunt quatuor : rubor et tumor cum calor et dolor (« Il y a quatre signes de l'inflammation : rougeur et gonflement avec chaleur et douleur »). Un cinquième élément, la perte de fonction des organes, ne sera ajouté que très ultérieurement.

Élie Metchnikov (1845-1916)
 - crédits : F. Nadar/ Wellcome Library, London

Élie Metchnikov (1845-1916)

La réponse inflammatoire a longtemps été tenue pour seulement morbide. Ce n'est qu'en 1794 que John Hunter, un chirurgien écossais, met en avant le rôle bénéfique joué par la réponse inflammatoire : « L'inflammation en tant que telle ne doit pas être considérée comme une maladie, mais comme une réaction salutaire à la suite de quelque agression ou maladie. » Cette idée, toute exacte qu’elle soit, ne fut pas facilement admise et l'inflammation resta longtemps perçue comme un phénomène morbide. Pourtant, dans ses leçons sur l'inflammation publiées en 1892, Élie Metchnikov (1845-1916) confirme qu’elle devait être considérée comme une suite d'événements essentiels pour lutter contre l'agression. Il fait figurer les cellules phagocytaires, les [...]

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Élie Metchnikov (1845-1916)
 - crédits : F. Nadar/ Wellcome Library, London

Élie Metchnikov (1845-1916)

Activation et contrôle de la réaction inflammatoire
 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Activation et contrôle de la réaction inflammatoire

L’interleukine 1 au centre de la réaction inflammatoire.
 - crédits : Encyclopædia Universalis France

L’interleukine 1 au centre de la réaction inflammatoire.