- 1. Cinq millénaires de connaissances sur l’inflammation
- 2. La phase précoce de la réaction inflammatoire
- 3. L’activation des cellules inflammatoires
- 4. Médiateurs et effecteurs de la réaction inflammatoire
- 5. Le recrutement des leucocytes
- 6. Les cellules inflammatoires au travail
- 7. Régulation négative de l’inflammation et phase de résolution
- 8. Inflammation, pathologies et approches thérapeutiques
- 9. Bibliographie
RÉACTION INFLAMMATOIRE
L’activation des cellules inflammatoires
Comment des cellules font-elles la différence entre des cellules saines et des cellules lésées ? Lorsque les tissus subissent une altération de leur intégrité associée à la mort de cellules, ces dernières libèrent des molécules que l’on appelle signaux de danger ou damage associatedmolecular patterns (DAMPs, « motifs moléculaires associés aux dommages »). Dans le cas d'une agression par des microbes, les DAMPs sont aussi libérés, mais les constituants microbiens sont également perçus comme signaux de danger (pathogen-associatedmolecular patterns, PAMPs ; « motifs moléculaires associés aux pathogènes », en fait à tous les microbes et pas seulement à ceux qui sont pathogènes).
Des récepteurs membranaires et cytoplasmiques capables de reconnaitre ces motifs de dangers équipent les cellules immunitaires (mastocytes, cellules dendritiques, macrophages, lymphocytes). Ces récepteurs sont nombreux et appartiennent à plusieurs familles moléculaires comme les toll-likereceptors (TLR), nod-likereceptors (NLR), scavengerreceptors, ou les récepteurs de type lectine etc. Leurs noms viennent du système dans lequel on les a identifiés avant de les retrouver dans la réaction inflammatoire : ainsi les scavengerreceptors ont pour fonction d’éliminer certains transporteurs endommagés du cholestérol ; scavenger peut se traduire par « éboueur » ! Toll veut dire « formidable » en allemand, et cette molécule a d’abord été identifiée chez la drosophile par Christiane Nüsslein-Volhard, qui eut le prix Nobel en 1995 pour cette découverte, et le mot traduit l’excitation devant leur découverte ; les lectines sont des protéines de plantes qui fixent les sucres, etc.
La capture de ces signaux par ces récepteurs déclenche plusieurs cascades de signalisation intracellulaire qui aboutissent à l'activation de ces cellules et à la libération des médiateurs moléculaires de l'inflammation, en particulier les cytokines (un terme générique qui regroupe les molécules qui permettent la communication entre cellules). Ces molécules agissent sur les cellules avoisinantes et vont induire d'autres médiateurs de l'inflammation. Parmi les récepteurs des signaux de danger qui reconnaissent aussi les cristaux d'acide urique ou le peptide ß-amyloïde du cerveau et des substances exogènes (amiante, silice, U.V., etc.), il en est un qui a été nommé inflammasome en 2002 par Jürg Tschopp (1951-2011). Il s'agit en fait de l’association de plusieurs plate-formes moléculaires, chacune d'entre elles aboutissant à l'activation d'une enzyme, la caspase-1 requise pour la maturation d'une cytokine, l'interleukine-1ß (IL-1ß), un des chefs d'orchestre de la réponse inflammatoire. Les inflammasomes fonctionnent un peu comme un organe des sens spécialisé dans la perception des signaux de danger et répond par la libération d’IL-1ß. Cette cytokine possède un grand nombre d'activités biologiques différentes : elle est également responsable de la fièvre, par son action sur le centre nerveux responsable du contrôle de la température. En effet, la fièvre fait partie de l'arsenal de lutte contre les infections sans doute en perturbant la physiologie des agents pathogènes. On doit à William H. Welch (1850-1934), médecin et pathologiste américain, sans doute la meilleure définition de la fièvre, qu’il propose en 1888 : « Dans la plupart des fièvres, le véritable ennemi est la substance nuisible qui envahit le corps. Tout nous porte à croire que la fièvre est une arme utilisée par la Nature pour lutter contre les agressions de cet ennemi. En conséquence, les agents qui induisent la fièvre favorisent le feu qui va les consumer. Mais ce feu peut aussi se révéler préjudiciable aux patients et peut alors nécessiter la main du médecin pour le contrôler.[...]
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Écrit par
- Jean-Marc CAVAILLON : professeur, chef d'unité à l'Institut Pasteur
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